Timoty avait toujours été fasciné par le ciel.

Déjà la première fois qu'il avait ouvert les yeux, ses deux iris verts s'étaient posés sur la grande fenêtre, par laquelle entrait les rayons du soleil, baignant la pièce d'une douce lumière dorée. Un oiseau s'était posé sur le rebord de la fenêtre ouverte, et après quelques sautillements hésitants, s'était envolé. Timoty avait gazouillé gaiement.

« C'est un enfant du soleil. »

Avait dit sa mère, Lucy, en souriant.

*

Plus tard, cette tendance s'était confirmée.
En effet, Timoty se sentait mal à l'aise à l'intérieur, et préférait passer ses après-midi dehors, dans le grand jardin de sa maison. Il grimpait souvent aux arbres et s'allongeait sur les plus hautes branches, respirant l'air frais du "Dessus" comme il appelait cet endroit entre ciel et terre. Il s'accrochait parfois par les jambes et laissait le haut de son corps se balancer librement dans le vide, riant aux éclats à chaque fois qu'un coup de vent secouait ses boucles brunes. Sa mère le regardait toujours avec effroi, mais quand il redescendait, il lui disait toujours, plongeant son regard dans les yeux bleus de Lucy :

« Ne t'inquiètes pas maman, le ciel est comme tes yeux : il me surveille et me protège. C'est pour ça qu'ils sont de la même couleur. »

*

Sans surprise pour personne, les pouvoirs de Timoty s'étaient déclarés dans les airs : le petit garçon, alors âgé de neuf ans et demi, s'était envolé d'une branche d'arbre au sommet de l'arbre. Lucy, bien qu'elle se soit habituée aux crapahutages de son fils, avait retenu sa respiration – parce qu'elle avait peur, mais aussi parce que Timoty n'avait jamais semblé aussi beau et aussi heureux. Il était resté là, émerveillé, sans bouger ; sur la pointe des pieds, essayant de monter toujours plus haut, les bras écartés et les cheveux au vent.
Il ressemblait à un oiseau.

*

Lors de la rentrée à Poudlard, la première, Timoty s'était assis seul dans un compartiment, espérant qu'il pourrait être seul avant d'arriver dans un immense château où jamais il n'aurait de répit.
Mais un garçon était entré, et s'était assis en face de lui.

D'abord, Timoty n'avait pas réagit, mais le petit garçon avait insisté.

« Je m'appelle Andrea. »

Il avait les yeux bleus comme un ciel d'été.

*

« Timmy ! Ca va ? »

Andrea s'était précipité à terre. Ils étaient en quatrième année maintenant, et c'était la première fois qu'ils s'affrontaient sur le terrain de Quidditch. Timoty se releva en titubant un peu, la main sur le nez.

« Andy. Tu viens de me casser le nez. »
« Tu ressemblais tellement à un oiseau... Je me suis dis que le tableau ne serait complet qu'avec un nez crochu ! »

Timoty grogna et frappa son meilleur ami sur l'épaule ; mais sous sa main, il souriait.
Ils ne savaient pas encore que la mère d'Andrea se donnerait la mort quelques jours plus tard, et que ce dernier deviendrait le second fils de Lucy, bien trop heureuse d'accueillir ce jeune homme qu'elle aimait énormément.

*

C'est en regardant le ciel que Timoty failli perdre la vie. Il faisait beau ce jour là, malgré la neige qui recouvrait les rues de Londres. C'était les vacances de Noël. Le jeune homme levait le visage, recevant avec plaisir la douce chaleur des rayons du soleil. Il avait glissé sur une plaque de verglas, et la voiture ne l'avait pas vu. Renversé.

Il avait frôlé la commotion cérébrale, mais s'en était bien tiré, au final, juste une jambe dans le plâtre et une migraine pendant trois semaines.

Andrea et Lucy avaient débarqué en trombe à l'hopital. Timoty avait tellement été soulagé de voir ces deux paires d'yeux bleus. Mais ceux d'Andy brillaient d'une certaine manière, quelque chose que Tim ne s'expliquait pas – qu'il ne voulait pas s'expliquer. Il avait peur qu'en comprenant, il ne pourrait plus se perdre dans le ciel de ses iris, et sentir son cœur battre dans sa poitrine.

Il voulait lui dire pleins de choses, il les sentait bouillir dans son ventre, mais il n'avait pas trouvé les bons mots, alors il avait murmuré [color=royalblue]« Des pépitos... »[/royal] misérablement.

Quand Andrea avait refusé de le regarder, ensuite, Timoty s'était mis à pleurer. Ça faisait bien plus mal que de se prendre une voiture.

« Andrea... Andrea... Andrea ! Tu m'aimes quand même un p'tit peu ? »

Alors ils avaient pleuré longtemps tout les deux, mais la douceur des mains d'Andrea sur sa peau valait toutes les larmes du monde.

*

Quand ils avaient raté leurs BUSES, les deux jeunes hommes avaient rigolé de cet événement. Ils le savaient déjà, et tandis que d'autres travaillaient, en avaient profité pour s'amuser un peu et profiter du soleil et du ciel bleu.

Timoty était extravertie, populaire et aimé ; il ne ressemblait en rien au petit garçon qui était venu à Poudlard pour la première fois cinq ans plus tôt. Téméraire, courageux et d'un orgueil qu'il ridiculisait lui même, il était l'exemple même du Gryffondor.

Cependant, parmi tous ses amis, seul Andrea comptait vraiment. Il savait que leur relation était un peu spéciale, mais jamais il n'aurait soupçonné ce que ressentait son meilleur ami pour lui – et ce qu'il s'avérerait ressentir également par la suite. Non ; il aimait bien trop flirter pour ça, et il taquinait toujours Andy sur son innocence – innocence qu'il partageait aussi, bien que tout le monde croyait qu'il s'en était débarrassé longtemps auparavant.

L'arrivée des moldus ne changea pas grand chose à sa vie ; bien qu'il ait ainsi eu de nouvelles proies à disposition, Tim ne voyait presque rien : Andy était son soleil, et lui le ciel qui l'entourait – c'est d'ailleurs peut-être pour ça qu'il était le seul à ne pas se rendre compte que le bleu des yeux n'était pas bleu comme le ciel, mais bleu comme lui : parce qu'il était trop ébloui par la lumière que dégageait Andrea.