À toute situation incongrue, solution incongrue. 25 décembre 2006, les jouets jonchent le parterre carrelé, d'une brillance si intense que la lumière du soleil, gouailleuse, joueuse, s'amuse à cogner les yeux des curieux. Dans toute sa splendeur de gamine de dix ans effarouchée, Némésis dévale les escaliers en acajou vernis en martelant de ses petits pieds, appuyant tout son poids dans sa course, piaillant comme une autruche; La magie des enfants, c'est noël. Ses pieds nus glisseraient presque sur le carrelage parfait, sa couronne de cheveux blonds peine à rester en place, se balance avec le mouvement de la tête enfantine. Tout le tralalas est en place : appareils photos, superbes cadeaux montrant à quel point cette famille est victime de la société de consommation, la gosse qui arrache tout, perd ses manières, éclate de rire, meurt d'envie de comprendre quel jouet compliqué ses parents ont caché dans la grosse boîte de carton multicolore. C'est embêtant à souhait tout cet empaquetage : on perd plus de temps à déballer son cadeau qu'à le casser. Mais dans une enfance comme celle de Némésis, on oublie ce genre d'inconvénients futiles et on profite des avantages truqués de la société " Un enfant = richesse. " Pas parce que ses parents sont les PDG d'un des département du ministère, pas parce qu'il ont gagné avec une chance que personne n'a et que tout le monde maudit au dernier jeu " Qui veut gagner des Gallions ? ". Pathétique. Il suffit de regarder la progéniture : un gamine, une petite pourrie gâtée hyperactive qui sait prendre des air de furie comme d'ange tombé du ciel. Elle s'emmerde profondément dans sa condition de fille qui fait tout ce qu'elle veut. Elle préfère s'écarter des chemins taillés et elle courre dans la cuisine pour attrapper le couteau à viande de papa. « Ça s'ouvre pas je vais le couper ! » Et Chlang. Elle coupe le carton arrache avec ses petits doigts de souris, sourit puis ... Tombe sur une micro-boîte. Une boîte de cette taille, ça peut pas contenir toute cette liste de cadeaux sucrés, colorés et attrayants qu'elle a faite. Moue sceptique enclenchée, elle expore le paquet. Dans sa tête, ça fait biiiiip... Cerveau mort, pourquoi ils m'offrent cette saloperie ? Elle leur balancerait bien à la gueule mais elle va d'abord l'ouvrir. Et puis après, elle ira s'acheter des dragées surprises. Toute seule. Sans la présence étouffante de ses deux parents aimants et sans le sentiment d'être enfermée dans une cage de conneries où tu dois faire ce qui est écrit là. Un rond est rond, un carré à quatre angles droits. Regardez un peu sa crinière anarchique et on reparlera de géométrie. Bonne nuit.
« Alors ma chérie ? » Ça fait un bon quart d'heure que la blonde reste là, a tripoter de ses mains maladroite le pendentif, une moue désintéressée déforme son visage mutin. Elle se relève d'un bond peu gracieux, soulève de deux doigts le petit collier. Elle pourrait dire qu'elle trouve ça ... moche à vomir son repas d'hier soir ? Mais bon, elle veut sortir prendre l'air, grimper sur le vélo de son voisin, bouffer de l'air et courir avec les moldus. Elle s'en fou alors, elle saute au cou de sa maman et prépare un mensonge basique. « J'aurai pas pu rêver mieux ! » Elle bécote les joues de son père, elle fait une révérence amusante, tout le monde sourit. Puis elle file au premier, avec fougue, rapidité, elle s’agrippe au rideau et passe sa tête de moineau par la fenêtre. « J'ARRIVE ! » Pouf. Elle saute sur la moquette de sa chambre, met des vêtements troués, déchirés de toute part, parfaits pour faire des cabrioles avec des bâtons et une légère dose de boue salissante. C'est raté : il neige. Alors elle s'enveloppe dans des vêtements chauds. Gloussante, elle dévale les escaliers, afflige ses parents d'un léger "à plus m'man." puis elle claque la porte, le sourire aux lèvres, saute sur le vélo et entonne son Hakuna Matata song avec une gaieté candide. Le torse bombé, elle s'accroche au guidon et se dresse sur ses pédales, hurle des idioties incompréhensibles, se retourne brusquement pour laisser les voitures trop rapides passer, leur balance des cailloux puis se laisser tomber lourdement dans l'herbe sous un arbre. « C'est quoi ce machin à ton cou ? » elle glousse, encore effarée par la montagne de conneries qu'ils ont su accumuler en une matinée, elle empêche tout de même la main du petit naïf arriver jusqu'au pendentif. « Tu touches pas. C'est un indien qui m'a donné ça, c'est pour mon courage. » Bondit, courre vers son vélo, manque de tomber quand son bonnet couvre ses yeux, enlève ses gros gants quelques secondes, salut le petit moldu qui n'a pas compris une bribe de ses actions, puis reviens à la maison, les pieds boueux, les genoux intact grâce à la neige, les joues rosies par l'effort physique et le froid tenaillant. Mais le sourire si écorchant qu'il donne le tournis aux adultes et leur réalité cruelle. Rien à dire, elle avait le pendentif autour du coup, un bain chaud, du chocolat, et au lit. Demain, elle dira à ses parents que leur cadeau était le plus dépourvu d'intérêt qu'ils ne lui aient jamais offert. De toute façon, elle sortira par la fenêtre de sa chambre. Et l'enfance ira bon train, jusqu'à Poudlard et ses hiboux, et ses baguettes, et sa magie.



Un matin de septembre pas comme les autres, le soleil vient chatouiller les paupières closes d'un claquement doigt, elle se retrouve découverte et flanquée sur le sol. « P*tain, c'est quoi ? » complètement sonnée par l'acte dépourvu de sens à ses yeux, elle dormait, on la dérange, c'est inadmissible, incroyable pour elle qui n'aime pas être dérangée pendant ce moment sacré. À onze printemps, elle possède déjà un panel d'insultes toutes plus mignonnes les unes que les autres, elle est douce avec ses propos vulgaires, ses petites joues saillantes et ses grand yeux verts bourrés d'une malice inconsciente. Fougue et violence dans l'avant-bras, elle jette son oreiller sur Phoebe, sa maman chérie, avant de s'enfermer à double tour dans la salle de bain. Elle arrache littéralement ses vêtements, désireuse de plonger sa tête sous l'eau, de se défaire de cette saleté de sommeil qui s'accroche à elle comme à la dernière chocogrenouille du paquet. Pour une fois qu'elle n'hériterait pas d'une de ces journées-types où le choix d'activité était de plus en plus limité à mesure qu'elle découvrait à quel point certains moldus sont barbants à ne pas connaître la magie, à ne pas connaître les chocogrenouilles, à exhiber des photos qui ne bougent même pas et lécher des sucettes qui n'ont aucun intérêt puisqu'elles n'explosent ni sur la langue, ni entre les dents. C'est morne, vous voyez, c'est dépourvu de magie, sans étincelles. Les conneries sont fades, les insultes deviennent réflexes et les gamines froufroutantes au regard de poupée donnent envie de vomir. Onze ans et même pas fichues de faire la différence entre amour et amitié, ça y'est tu parles avec Jean-Eudes et que t'es amoureuse et que tu vas te marier et qu'elles te donnent des noms à vos futurs bébés et blabla ... Quand tu en arrives à leur répondre "Et alors, vous êtes jalouses ?" avant de déposer un bisou sec, les yeux biens grands ouverts sur le coin de la bouche du pauvre traumatisé, c'est que franchement, rien n'a plus d'importance. Tout ce qu'a su en retirer Némésis c'est que la prochaine fois, elle essayerait avec une fille. Histoire de voir un peu leurs têtes se décomposer et leur étonnement les éloigner d'elle. C'est risible, aucune finesse d'esprit, le paroxysme de la tolérance 0.
Némésis, elle se sent tellement différente de toutes ces fillettes aux cheveux dépourvus de défaut, elle se sent tellement différente qu'elle a décidé d'en faire un atout : c'est elle, personne n'est comme elle et ça, ça lui plaît vachement. Elle fait ses jupes dans des rideaux, elle fait des bracelets avec des cailloux colorés percés par un vieux monsieur dans son atelier, elle déborde d'amour, elle respire la vie mais il semblerait qu'une pancarte "Attention je mords" soit attachée à son frêle cou. « Et pourquoi, tu vas où ? » elle entortille une mèche de cheveux entre ses doigts, bat des cils, sort son pendentif de son t-shirt orange, le flanque sous le nez de son camarade, sourit sur commande et répond au tac-au-tac. « Rejoindre ma vraie famille. » puis ses parents lui hurle de venir, elle fait sa poignée secrète avec son voisin et puis, elle courre sous le regard meurtris de sa mère qui gémirait de douleur si elle la voyait se défigurer avant la cérémonie de répartition. Elle qui avait mit un temps fou à faire en sorte que ses boucles ressemblent à des boucles voyait son chef d’œuvre aplatit en trois pas de course. Pourtant, Phoebe n'a jamais trouvé sa fille aussi belle avec les cheveux aussi ... anarchiques. C'est peut-être qu'elle fait trop dans le sentiment. Fière d'elle depuis le berceau, elle ne l'a jamais été autant qu'aujourd'hui, ce fameux jour où sur le quai neuf trois-quarts elle s'est prise le mur en pleine face pour avoir tourné la tête vers sa tendre Phoebe maman adorée qui lui a conseillé de se concentrer pour qu'elle y arrive finalement, au bout de la deuxième fois.
Un voyage accablant pour certains, amusant pour d'autres comme Némésis. Quelques gallions dépensés dans des friandises, un paquet de chocogrenouilles ouvert et tout le monde deviens ton ami. Sans jamais demander son reste, elle passe dans les wagons et se prend à jeu amusant où chacun la connaît sous un prénom différent. Pour certains elle est Lorelaï, pour d'autre Eve, et puis une floppée de prénom tous plus invraisemblables les uns que les autres y passeront, à la fin du voyage, Némésis a une petite dizaine de prénom auxquels elle répond. Puis comme elle se fiche bien de savoir qui en rira et qui trouvera ça lamentable, elle passe le Choixpeau en tant que Héroïne Némésis Ingram sous les yeux interloqués de ceux qui la voyait comme étant Gemma Rits. Elle a rien à répondre à son mensonge lamentable, elle glousse un peu, pour changer, puis le Choixpeau se met à grogner face à son indifférence. Elle aime bien, elle aime bien qu'on la regarde être une pure idiote. Même si au fond, elle n'a rien contre le petit monde, elle est même toujours prête à se jeter dans une arène pour pouvoir protéger ses idéaux, ses petites révolutions qu'elle se crée dans sa tête aux mèches blondes pailleuses qui semblent s'entre-jouter sur sa tête.
Serpentard, le chapeau a hurlé entre deux hoquets de la gamine trop têtue pour l'écouter.



Némésis, à Poudlard. Elle se situe entre un remake de "Who let the dogs out" et un documentaire sur les ados qui mentent pour se sentir bien. En gros et pour tout, Némésis est une vraie bombe à bordel, une chieuse adorable qui sais câliner, griffer et bouffer comme 4. Ou sauter 2 repas par jour, tout dépend de son humeur. Nous parlons ainsi de celle qui se fait surnommer "H." parce que ça claque, que c'est plus court et que c'est la première lettre de son premier prénom. Disons qu'elle n'y est pour rien si ses parents ont trouver ça ingénieux d'appeler leur fille Héroïne. Elle ne leur en veut pas, elle trouve ça atrocement en cohérence avec son tempérament et n'hésite pas à en jouer. Elle est bien dans sa petite condition de sorcière au visage de raton-laveur et aux yeux brillants. Elle n'a rien à se reprocher, elle est vulgaire et le vis de façon correcte, elle n'hésite pas à croquer dans la vie, remettant à leur place les idiots et faisant d'elle une gamine aguicheuse aux aventures spasmodiques sans lendemain. Mythomane invétérée, elle ne lésine pas sur les couches de conneries qu'elle peut faire avaler au genre humain. Facétieuse, elle poussera à bout quiconque lui résistera mais accordera un respect profond à ces derniers. Sans jamais être déloyales envers ses amis, elle sait se montrer ridicule, à pleurer, lorsqu'elle défend ses opinion populaires. Poudlard est un territoire de choix, une maison immense où elle sent toujours où l'attaque est la plus intéressante à lancer. N'ayez pas peur d'elle, c'est une usine à câlins débordante d'idée pétillantes, elle connaît toujours le pourquoi du comment et sait faire d'un rideau vert une robe à bustier.
Puis elle mène sa petite vie. Poudlard, c'est un havre de paix. Comme la sainte chieuse de Serpentard au regard adorable. Elle n'a rien d'un stéréotype ambulant, tolérante à l'extrême, elle qualifie les garçons doux et attentionnées que sont les gays de parfait pour un câlin sans prise de tête. Elle n'a pas de préjugés, déguste avec un plaisir intense les expériences qu'on lui propose et fait tout dans la sobriété la plus humaine. L'arrivée des Moldus à Poudlard, à cette histoire de loques sans magie qui débarquent dans l'école après avoir bouffé trois bonbons et acheté une baguette ! Elle les trouve adorables. Tellement adorable qu'elle les trouve naïfs. Naïfs à boire ses paroles encore plus facilement que les sorciers au caractère forgé. Ils sont mignons, ils ont peur, ils frémissent quand elle montre les dents et s'éloigne quand la pleine Lune arrive ... Peut-être qu'elle est allée trop loin, l'inconsciente. Mais elle s'amuse tellement. Ils lui pardonneront, elle leur dira que c'était amical, qu'elle les aime vraiment, qu'elle ne veut pas se fiche de leur gueule et que sans eux, elle aurait épuisé bien rapidement son stock de stupidités à revendre. Elle s'assoit tous les soirs sur son lit en se demandant bien ce qu'ils peuvent penser. S'ils arrivent à dormir quand la Lune est pleine. Elle devrait peut-être remédier à cela, dire qu'elle est ... guérie ? Inventer une futilité qu'il avaleront avec la facilité la plus simple. Vous savez, notre petite furie a même pensé à s'essayer à la transformation en Animagus. Mais il faut avouer qu'elle a quelques doute quand à sa docilité pour y parvenir.