— J'suis né à Londres, tu vois ? Mais on s'en fou de ça, j'suis sûr que c'est pas c'que vous voulez savoir. Mon père, il est finlandais, j'ai pris ses couleurs. Ma mère, elle est italienne. On dirait pas, hein ? Vous voulez que j'vous dise des mots en italien ? Ma mère, quand elle gueule, elle crie toujours en rital. Toujours. Du coup, j'sais quasiment dire que des insultes mais bref, c'est pas intéressant.
— Tout est intéressant, continue.
— Sérieux, j’sais pas c’que je fais là. Un jour j’vais au collège, j’apprends des trucs sur les maths, l’histoire, sur tout un tas de trucs qui ne me passionnent pas des masses et le lendemain j’me retrouve ici, dans un château bizarre avec des gens bizarres qui m’obligent à revêtir des vêtements ridicules, des robes, des chapeaux et se servant de bouts de bois pour faire des étincelles. Dites le moi, hein. Dites le moi maintenant si je suis chez les barges. J’invente tout ça ? C’est pas la réalité, c’est ça ?
— C’est la réalité, Ceasar.
— Elle a bon dos, votre réalité. J’ai l’impression de dormir et j’arrive pas à savoir si c’est un rêve ou un cauchemar. Regardez ! Regardez le petit gros là-bas avec sa robe sur le dos et son chapeau sur la tête, à trimbaler une plante qui parle, vous ne trouvez pas ça loufoque, vous ?
— Non, je suis habitué, tu sais… Et si tu me racontais ta vie, ton passé, ce que tu faisais avant d’arriver ici ?
— J’étais dans un collège, sur Londres. Un collège privé ou on ne se gêne pas pour vous flanquer des coups de canne si vous agissez mal. On m’a foutu là-bas après que j’ai mis un coup de poing dans la tronche d’un de mes potes. Il sortait avec Emilia, il savait que j’avais des vues sur elle, le chien… Bref, on s’en fiche maintenant. J’étais en classe quand on a eu les premiers signes qu’un truc louche venait de se passer. Une fille assise une table devant moi s’est fait interroger par un prof qui n’a pas été tendre avec elle. Une seconde plus tard, il avait un groin de porc à la place du pif, vous imaginez ? Des nanas ont hurlés, c’était vraiment fou. Il y en a qui disent que c’est à cause des bonbons qu’on a reçu… Si j’avais su, j’me serais peut-être abstenu de tous les avaler d’un coup…
— Tu ne te plais vraiment pas, ici ?
— Si… Mais c’est troublant, ça vient d’arriver, il faut encore que je m’habitue… J’ai toujours rêvé de liberté, de tranquillité et là j’me retrouve entouré H24 d’élèves en tout genre, des bizarres, des gens froids, des élèves un peu fou, bref, encore une fois, c’est vraiment troublant.
— Tu as été envoyé à Serpentard, c’est ça ? Ceux de ta maison sont sympas ?
— C’est clairement avec eux que je m’entends le mieux. Ils ne sautent pas partout comme les Poufsouffle, ils ne passent pas tout leur temps dans les bouquins comme… les bleus, j’ai oublié leur nom.
— Les Serdaigle ?
— C’est ça, enfin bref. Et les cours… Les cours c’est tellement étonnants. Un bout de bois et on peut tuer quelqu’un. Vous imaginez ? Deux mots et on peut faire ce qu’on veut, tout ce qu’on veut. On peut touiller sa soupe, on peut torturer un homme… J’avoue que ça, c’est passionnant. Les cours je parle, pas le fait de tuer ou torturer quelqu’un… C’est dur, n’empêche. Si j’ai bien compris, les autres, les sorciers, ils arrivent à l’école à onze ans, c’est ça ? Moi j’en ai seize et j’y comprends rien…