Part 1
Youth

Une famille ordinaire se réveille, dans une petite maison de Camden Town, à Londres. Le père se glisse doucement hors du lit pour laisser sa femme dormir encore un peu. Nous sommes samedi, c’est encore l’hiver. Pourtant, on aperçoit sur les arbres les premiers bourgeons, les premières feuilles. Dans quelques semaines, Londres sortira de sa torpeur hivernale et se couvrira de vert.
Pour le moment, Pete Grimm essaie de faire le moins de bruit possible pendant qu’il prépare le petit-déjeuner pour sa femme et sa fille. C’est un échec, car il vient d’échapper la tasse qu’il s’apprêtait à poser sur la table. Elle se brise alors dans un bruit claquant et il échappe un « shit » sonore. Quelques minutes après, une silhouette apparait dans l’encadrement de la porte de la cuisine. Delphine, en robe de chambre, entre dans la pièce et aide son époux à ramasser la porcelaine cassée. Elle jette les morceaux dans la poubelle et prend un linge pour essuyer le sang sur les doigts de Pete, si maladroit. Leurs regards se croisent et un sourire se dessine sur leurs lèvres. Leurs visages se rapprochent, mais soudain, une petite fille se glisse entre eux, les yeux encore ensommeillés.
« Bonjour Lore » dit le père, attendri par le visage si mignon de sa fille.
« Joyeux anniversaire » complète la mère, en serrant la petite Loreleï contre son cœur.
Aujourd’hui leur fille a cinq ans.

Sept mois ont passé. Pete attend à la sortie de l’école du quartier. La cloche retentit et il voit sa fille, un sac sur les épaules, sortir du bâtiment. Elle court, se jette dans les bras de son père et s’écrie :
- You’re back !
- Yes honney !
- I missed you so much !
- I know.
- Daddy I love you !
- I love you too my little star !

Le père et la fille s’éloignent alors, mains dans la main. C’est une image étrange, un homme si grand et musclé, aux bras tatoués, tenant par la main une fillette blonde et fragile. Il rentre d’une tournée de trois mois dans tout le pays et songe déjà au prochain album de son groupe de rock. Mais pour l’instant, il ne veut plus y penser, car sa femme l’attend. A cette pensée, un sourire se colle sur son visage. Il songe à l’appel qu’elle lui a passé il y a quelques jours, pour lui annoncer la nouvelle.

Nous sommes en décembre 2000, la maison du 10, Lawford Road est couverte de neige. Par une fenêtre, on peut voir la famille Grimm réunie autour d’un sapin décoré. La petite Loreleï est en train de déchirer l’emballage de son cadeau sous les regards heureux de ses parents. Elle reste bouche bée quand elle découvre une guitare d’enfant dans le paquet. Elle se retourne et se jette dans les bras des ses parents, un sourire éclatant sur le visage. Delphine, rayonnante, la serre aussi fort qu’elle le peu, car son ventre est bien rond maintenant. Un petit garçon va naître.



Delphine se réveille dans un élan de douleur. Son ventre est déchiré par la douleur. Elle sait que le moment est venu. Elle réveille son mari. Un peu groggy, il comprend tout de suite et s’habille le plus vite qu’il peut, saisit le sac déjà prêt. Ensemble ils se rendent à l’hôpital, ensemble ils souffrent quand l’enfant vient au monde. Ensemble, ils l’accueillent dans leur vie et celle de Lore. C’est aujourd’hui le premier janvier.

Trois ans plus tard. Loreleï a neuf ans. Elle est dans sa chambre, avec son père. Ils jouent de la guitare. S’il y a bien une chose que Loreleï adore, c’est la guitare. Les moments passés avec son père à déchiffrer des partitions des Beatles, des Red Hot ou même de Nirvana, ces moments sont bénis.
Au rez-de-chaussée, Delphine prépare à manger, un œil vigilant sur son fils qui cavale dans la cuisine. Elle est si heureuse que Lore n’ai pas rejeté Louis ! Au contraire, elle s’occupe de lui. Elle l’a tellement aidé dans ses débuts, ses premiers pas, ses premières promenades et … ses premiers mots. « Mom » a été suivi de « manger ». Chez les Grimm, le français et l’anglais se mêlent. Delphine, française d’origine, enseigne la langue de Molière et les lettres à Oxford. Elle a rencontré son rockeur de mari dans le train, sous la mer. Elle doit l’avouer, elle en est tombée amoureuse au premier regard. Comme dans un roman à l’eau de rose.

Juillet 2005. Sur la scène, Pete rayonne. Devant cette foule, il se sent bien. Il est fier et heureux de partager la musique avec des centaines de personnes. C’est ça qui l’a fait avancer pendant des années, quand la drogue imprégnait son corps. Mais aujourd’hui c’est différent.
Dernière chanson. Les autres musiciens se retirent. On apporte deux tabourets. Pete fait un signe à une petite silhouette dans l’ombre. Loreleï s’approche et grimpe sur le tabouret, un peu maladroitement, elle est gênée par sa guitare. Ils échangent un sourire. Les premiers accords résonnent dans la salle. La chanson que Pete a toujours voulu écrire, c’est finalement sa fille qui l’a écrite. Il n’a eu qu’à ajouter les bons accords. C’est une image étrange, cet homme si grand et musclé, une guitare dans les mains, des étoiles dans les yeux et une petite fille blonde et maintenant forte, une guitare dans les mains, des étoiles dans la voix.



Part 2
Music

Septembre 2009, Loreleï a 14 ans. Elle emmène son frère à l’école. Il lui dit :
- Lore ? Je pourrais venir avec toi au concert de papa ?
- You’re too young Louis, you know !
- No, I’m not !
- Louis, pas maintenant. Tu es trop jeune, je te dis. Dans deux ou trois peut-être.
- Mais …
- On est arrivés. A ce soir.
- T’es méchante.
- Je sais. Love ya too !
Elle s’éloigne en lui faisant signe de la main. Louis, la mine boudeuse se dirige vers l’école. Et puis il se retourne et court lui faire un câlin. Elle lui chuchote alors « Je t’emmènerais au prochain concert, promis. » Alors, les yeux pleins de joie, il lui murmure un « merci » et part pour de bon à l’école.

Deux semaines plus tard, dans un café de Londres. Une jeune fille est attablée avec un petit garçon blond à l’air effrayé. Il y a foule. Louis se serre contre sa sœur. Le concert va bientôt commencer. « Where is Pa’ ? » demande Louis. « Wait, wait. » lui répond Lore.
Lorsque Pete apparait sur la scène, Louis est impressionné. A la fin du concert, il est carrément halluciné. Il a trouvé ce qu’il veut faire de sa vie. Il veut être batteur. Le piano, c’est pas son truc. Le piano c’est sa mère qui en joue le mieux, pas lui. La batterie, le rythme, c’est dans son sang, il le sait.



Les soirs, Loreleï écrit, compose. Elle écrit des poèmes. Elle les met en musique. Sa chambre ressemble à un joyeux bazar à présent. Autrefois rose pâle, les murs sont à présent rouges. D’un rouge très, très sombre. Elle y a accroché des tableaux achetés dans une boutique un peu underground. L’un dit « Rock’n’Roll » l’autre « Punk’s not dead ». Les rideaux sont noirs. Trois guitares sont accrochées à un des murs. Trois micros sont reliés à un gros ampli Marshall. Le bureau croule sous les partitions, le dressing n’a pas été rangé depuis longtemps et y chercher des habits en particulier équivaut à partir à la conquête de l’Himalaya. Ce soir, Lore est au sous-sol avec son père. Ils y ont aménagé un studio d’enregistrement. Pete lui fait écouter le morceau qu’elle vient d’enregistrer.

The Black Riding Hood killed Mister Wolf.
Fairy tales are fairy nightmares,
There’s no more magic.

Loreleï regarde sont père, un sourire satisfait sur les lèvres. « Alors, on l’envoie cette maquette ? » dit-elle.

Un an plus tard, dans la cuisine des Grimm, Delphine et Lore prennent leur petit déjeuner. Louis, maintenant âgé de neuf ans, entre dans la pièce, le courrier dans les mains. Entre les factures, deux lettres sont destinées aux enfants. Louis ouvre sa lettre et s’écrie « Je suis pris au conservatoire ! » Loreleï ouvre la sienne et s’écrie « La maison de disque de papa ! Ils … Ils … Ils veulent me voir ! »
Delphine n’en croit pas ses yeux. Ses deux enfants sont totalement mordus par leur passion commune, la musique. Ils ne seront pas médecins ou prof. Tant pis, ils sont très bien ainsi. Et puis, une famille de musiciens, c’est comme une famille de fous. Plus on est, plus on rit. « Bravo à vous deux ! Je suis si fière ! »

Halloween, dans un pub chichement nommé « the rocking pub ». Delphine et Pete sont assis au bar, le regard rivé sur la scène. Loreleï est assise sur un tabouret haut, sa guitare dans les mains, les étoiles dans la voix. Son frère l’accompagne, du rêve au bout des baguettes. La magie des Grimm opère encore, le public est plongé dans le fairy nightmare de Lore. Ils s’en foutent qu’elle aie 15 ans, son univers fait oublier son âge.



Février 2011. Loreleï fête son anniversaire en compagnie de ses quelques amis. Son statut de fille de musicien et de musicienne lui a fait perdre beaucoup d’amis. La jalousie a fait le ménage pour elle parmi le groupe de connaissances qu’elle avait. Elle s’en moque complètement, ceux qui sont restés sont ceux à qui elle tient le plus et qui tiennent le plus à elle. Parmi eux, les membres de son groupe, les Black Riding Hoods. Elle déballe ses cadeaux et remercie chaleureusement ses amis pour les vinyles et les CDs qu’ils lui ont offert.

Le temps passe, Loreleï entamme sa dernière année de cours. Les cours lui prennent beaucoup de temps, mais elle trouve toujours un moment pour ses parents et la musique. Ce sont eux qui ont voulu qu’elle finisse ses études avant de se lancer pour de bon dans la musique.

Les vacances de Noël arrivent enfin et la famille Grimm est de nouveau réunie. Le matin du 19 décembre, Louis entre dans la cuisine avec le courrier. Il pose sur la table un paquet de bonbons. Sur l’étiquette, on peut lire « Fizwizbiz ». Delphine le regarde et dit :
- C’était avec le courrier ?
- Oui, affirme Louis.
- Qui peut bien nous envoyer des bonbons ? D’ailleurs je ne connais pas cette marque …
- C’est peut être des voisins qui l’on déposé pour nous souhaiter un joyeux Noël, dit Pete.
Ils décident alors de les manger.

Part 3
Magic

Lore est réveillée par le bruit assourdissant de la batterie de Louis. Elle déboule dans la chambre de ce dernier en hurlant « Mais t’as vu l’heure ?! » et soudain, la grosse caisse explose. Abasourdis, les deux jeunes se regardent.
- C’est toi qui as fait ça ? dit Louis.
- Je … Je sais pas, murmure Loreleï, sonnée.
Alertés par le bruit, Pete et Delphine arrivent à leur tour dans la pièce.
- Qu’est ce qui s’est passé ? s’écrie Delphine en voyant les restes de la grosse caisse éparpillés dans la chambre.
- Et ben … Lore est arrivée, super en colère et elle a fait exploser ma batterie !
- Mais pas du tout ! Je l’ai pas faite exploser !
- Bon allons déjeuner, on reparlera de ça après, déclare Pete, pour clore la dispute.

La journée suit son cours sans aucun heurt, jusqu’au soir. Alors que les Grimm sont devant la télé, un bruissement d’aile se fait entendre et un hibou entre par la fenêtre ouverte. Dans un battement d’ailes, il se pose sur la table basse et tend une patte à laquelle est accroché un rouleau de parchemin. La famille au complet est sidérée. Louis prend alors le morceau de parchemin. Les trois autres membres de la famille se penchent sur la lettre.

Chère famille Grimm,
Vous avez reçu hier des Fizwizbiz et vous les avez consommés. Nous sommes dans le plus grand embarras de vous annoncer que vous êtes à présent dotés de pouvoirs magiques.
Cela signifie que vos enfants peuvent rejoindre l’école de Poudlard.
Merci de nous répondre dans les plus brefs délais si vous voulez inscrire vos enfants à Poudlard.

Veuillez accepter nos plus plates excuses et nos salutations les plus sincères.


Part 4
Hogwarts

Dans le train, Lore réfléchit. Elle ne sait pas pourquoi elle a décidé d’intégrer Poudlard. C’est vrai que les cours lui tapaient sur le système, mais ce n’est pas vraiment une raison pour tout quitter.
Elle se remémore les souvenirs du Chemin de Traverse, toutes ces odeurs, les objets, le gens … L’instant où sa baguette l’a choisie, celui où elle a acheté ses ingrédients et ses livres. Elle a à présent un coffre à Gringotts. Les gobelins ont changé ses économies en gallions et ça lui fait un sacré pactole !
Une voix la tire de ses pensées. « Bonbons ? » Une femme pousse un charriot plein de sucreries. Ne les connaissant pas, elle décide de prendre de tout.
Dans un paquet de Chocogrenouilles, elle trouve la carte de Noëlin Rosenfeld, l’actuelle Ministre de la Magie. Elle se régale avec les Patacitrouille et grimace à cause d’une dragée de Bertie Crochue.
La salle dans laquelle Lore vient d’entrer est immense. Au-dessus d’elle, un ciel étoilé et des chandelles semble tenir dans les airs par magie. Evidemment, se dit-elle, par magie… Quatre longues tables sont réparties dans la Grande Salle. On demande aux nouveaux arrivant de se mettre en rang. En face d’elle, un chapeau est posé sur un tabouret.
« Quand j’appelerai votre nom, vous vous avancerez et je poserai le Choixpeau sur votre tête. »
Les noms se succèdent, les maisons aussi. « Gryffondor ! » ; « Serdaigle ! » ; « Serpentard ! » ; « Pouffsoufle ! »
Et soudain … « Mademoiselle Grimm ! » On pose le chapeau sur sa tête.
« Une nouvelle sorcière … Oui … Intéressant … Tu es bien courageuse, tu veux faire tes preuves … Intelligente aussi … Et bien tu devrais aller à …. SERDAIGLE ! »

A la table tout à gauche, c’est une explosion d’applaudissements. Lore rejoint la table, un peu sonnée, mais heureuse, tellement heureuse !



Part 4
Rebirth

Le lendemain matin, Lore se réveille avec le sentiment de renaître. Au petit-déjeuner, on distribue les emplois du temps. Elle tombe presque en voyant le sien. Pas une heure de libre !
« Vous avez cinq heures d’adaptation rapide à la magie et une heure de soutien dans chaque matière, réparties dans la semaine. Tous les quinze jours, vous avez une heure d’orientation et un rendez-vous avec votre directeur de maison une fois par mois.
- De l’orientation ?
- Et bien, mademoiselle Grimm ! Il faut bien que vous trouviez un métier, non ?
- Oui, bien sûr … »
Les cours s’avèrent difficiles, mais Loreleï n’a jamais tant aimé avoir des devoirs. Elle qui dort peu, elle se réjouit de passer des nuits quasi-blanches.
Les potions la fascinent, la métamorphose la captive autant que les sortilèges. La DCFM s'avère un vrai calvaire et la divination, une matière totalement obscure.
Malgré ses difficultés, Lore ne baisse pas les bras, car en son fort intérieur elle cultive un rêve.
Elle ne sait pas comment ça lui est venu. Elle a découvert un livre à la bibliothèque intitulé La confiserie magique, tout un art ! et n'a pas pu s'en décrocher avant de l'avoir fini. Oui, c'est ça qu'elle veut faire ! Fabriquer des sucreries magiquement délicieuses !

Les weekends, Lore aime aller regarder les équipes de Quidditch s’entrainer et participer aux fêtes. Elle passe aussi beaucoup de temps avec toutes les créatures magiques qu’elle peut trouver et son chat. Les licornes et les hippogriphes sont fascinants. Elle voudrait bien aller jeter un coup d’œil dans la forêt interdite, mais le garde-chasse la rattrape à chaque fois qu’elle essaie de s’y aventurer, ce qui lui vaut bien sûr des TUC.

Lorsque la salle commune est vide, Loreleï sort sa guitare et écrit ...

I’ve found the magic,
So now I’m complete.
The Black Riding Hood
Became a witch.
Maybe fairy tales are true,
Or maybe not, I don’t care.

I’ve found the magic in my life.

Est-ce que Lore est heureuse dans sa nouvelle vie ? Vous aurez compris que oui.