“Félicitation c’est une petite fille.” Jenna Walden détourna la tête. Elle ne supportait pas de devoir regarder le petit visage angélique de sa fille. “Madame, vous ne voulez pas la prendre dans vos bras ?” La jeune femme repoussa les bras de la guérisseuse qui avait approché le bébé un peu trop prêt de la jeune mère. Comment expliquer ce geste de rejet ? L’histoire serait trop compliquée à expliquer, mais essayons quand même …

Jenna Walden est issue d’une famille de sorciers de bonne renommée et ayant du sang noble dans leur veine. Ils ne sont pas une famille de sang pur et ils le savent très bien, mais ils se considèrent comme tel et n’acceptent pas qu’un moldu puisse avoir des pouvoirs ou même côtoyer des sorciers dans leur quotidien. Jenna a suivi une scolarité parfaite à Poudlard et eut tous ses ASPIC, élève modèle et appréciée de tous les professeurs, elle était la risée des autres élèves. Personne ne l’approchait, tous la détestaient, et lui donnaient des surnoms indécents. Elle eut beaucoup de mal à supporter cela au début, mais elle savait qu’une fois rentrée chez elle, elle pouvait toujours compter sur le seul ami qu’elle avait toujours eu, le garçon de ses voisins. Ils se connaissaient depuis qu’ils avaient six ans, et le garçon, Ethan, avait toujours su le petit secret de Jenna et de sa famille, même en étant simplement un moldu. Jenna savait qu’elle pouvait compter sur lui pour lui remonter le morale, le faire sourire, l’aimer … Elle adorait passer du temps avec lui, et cela était réciproque. Leur amitié était tellement forte, qu’elle finit par se transformer par de l’amour. Mais Jenna, connaissant sa famille, savait que leur amour serait impossible, malgré tout elle s’y risqua. Après avoir obtenu son diplôme, elle continua une formation pour se spécialiser dans les sortilèges. Très douée, elle finit très vite ses études continuant sa petite romance en cachette avec Ethan. Jusqu’au jour où ce dernier vint la trouver avec une idée : “Enfuis-toi avec moi ! et nous pourrons enfin vivre notre amour sans se cacher !” – Cela semble tout droit sorti des contes, faut l’avouer – Jenna accepta. Le soir de leur départ, Jenna avait préparé toutes ses affaires, était sortie de la maison en transplanant et s’était rendue au point de rendez-vous qu’elle s’était donnée avec Ethan au fond du grand jardin du manoir des Walden, entre leur deux maisons. Mais en arrivant, elle vit des étincelles fuser de partout. Deux silhouettes envoyaient des sortilèges violents et inimaginables sur le corps inanimé que Jenna devinait comme celui d’Ethan. Lorsqu’ils en eurent fini, les deux sorciers – c’était le père et le frère de Jenna – partirent sans même remarquer la présence de Jenna. Sanglotant, cette dernière courut auprès d’Ethan, mais il était trop tard, la colère et l’animadversion des Walden pour les moldus avaient tué la seule personne qu’elle n’avait jamais aimée. Elle découvrit une semaine plus tard, qu’elle était tombée enceinte d’Ethan.

Agitant ses bras dans son petit berceau, Maelynn Laelia Walden restait silencieuse, tout du moins elle ne faisait que gazouiller. Elle n’était âgée que de trois mois mais déjà elle était seule au monde, dans son petit univers, comprenant que peu importe les risques qu’elle pouvait dépasser, elle n’aurait jamais l’amour dont elle avait besoin. En effet, après son départ de l’hôpital Jenna, la mère de Maelynn, n’avait pas réussi à lui accorder un seul moment d’attention, un seul moment d’affection. Trop affectée, et dépressive suite à la mort de Lucas, elle n’avait pas réussi à reprendre le dessus, et le seul fait de devoir regarder Maelynn dans les yeux la faisait éclater en sanglot, lui rappelant les yeux tendres de Lucas. Jenna n’arrivait pas à s’occuper de sa fille, et personne ne pouvait le faire à sa place car après la mort de Lucas, elle avait fui sa maison familiale avec tout l’argent qu’elle possédait et s’était installée dans un petit village de sorciers. Du coup, au bout de trois mois, les seules fois où Maelynn avait réussi à avoir un contact physique avec sa mère, c’était lorsque Jenna devait la nourrir, la laver ou l’habiller. Depuis qu’elles étaient toutes les deux rentrées à la maison, Maelynn n’était jamais sortie une seule fois, elle n’avait jamais vu la lueur du jour en dehors des rayons qui filtraient par les fenêtres de sa chambre. Finalement lorsque Maelynn eut six mois, Jenna se résolut à engager quelqu’un pour s’occuper de la petite parce que c’était trop douloureux pour elle. Dès lors, elle laissa la jeune demoiselle aux mains d’une gouvernante nommée Kayla et elle s’enfermait dans sa chambre toute la journée.

“Dis Kayla ! Pourquoi maman reste toute la journée dans la chambre ? Je la vois presque jamais !” “Ce n’est pas tes affaires ma grande, finis de manger et va vite dans ta chambre, tu n’as qu’à lire un livre ou quelque chose du genre, ne reste pas dans mes jambes.” Endurcie, Maelynn l’était devenue. Jusqu’alors elle ne s’était jamais risquée à parler de sa mère à la maison. Elle passait ses journées dehors à jouer avec ce qu’elle avait, ou bien à lire de vieux bouquins noircis et jaunis par les nombreuses manipulations qu’on avait pu en faire. A ce jour, elle avait cinq ans, mais elle savait déjà se débrouiller comme une enfant de huit ans. Les rares fois où Maelynn croisaient sa mère dans les étroits couloirs de leur piteuse maison, elle savait qu’elle devait détourner le regard et partir le plus vite possible. Elle se rendait alors dans le grand champ qui se trouvait à côté de sa maison et elle se couchait là, des heures, à rêvasser et à espérer qu’un jour, sa mère lui accorderait un tant soit peu d’attention, mais le rêve dépassait nettement la réalité. De retour à la maison, elle s’enfermait dans sa chambre jusqu’à ce que sa gouvernante l’appelle pour manger. En d’autres termes, une journée de Maelynn se résumait en peu de tâches : se réveiller, se laver et s’habiller, prendre son petit déjeuner, faire deux heures de cours avec sa gouvernante qui était aussi son professeur – et qui, il faut le dire, n’avait jamais appris ce qu’était la gentillesse ou l’affection –, s’enfermer dans sa chambre pour lire, ou taper quelques notes sur un piano, déjeuner, sortir et s’étendre dans le champ de blé pourri, puis rentrer à la maison, manger et aller dormir ; tout cela en évitant à tout prix d’entrer en conflit avec sa gouvernante ou sa mère, qui après tout, ne lui accordaient pas tant d’attention que ça.

C’est seule, qu’à six ans, Maelynn apprit qu’elle était une sorcière. Avant cela, jamais personne ne lui avait parlé de magie, alors qu’elle était pourtant entourée d’une centaine de sorciers. Après tout, personne ne lui avait jamais adressé la parole, alors cela pouvait se comprendre. Dans tous les cas, lorsque ses pouvoirs se déclenchèrent, ce fut étonnant. Cela faisait plusieurs jours que sa mère, Jenna, n’était pas sortie de sa chambre et quand elle le fit, Maelynn s’étonna de voir une femme assez sereine sortir en titubant un peu. Soudain Jenna trébucha, Maelynn, pleine de bonne volonté et malgré tout très bien élevée, vint alors à son aide. Mais à peine, eut-elle posé sa petite main sur le bras de sa mère que cette dernière la gifla et l’envoya à l’autre bout de la pièce – la pièce était petite, ne vous inquiétez pas –. Mais la petite ne toucha jamais le sol, elle ne se fit même pas une égratignure, car elle avait été attrapée dans les airs par un phénomène magique qu’elle ne put expliquer sur le moment. Durant un moment, Jenna fut surprise, elle adressa même un peu d’attention à sa fille, puis rapidement elle se détourna et retourna dans sa chambre. Maelynn flottait encore dans les airs, quand finalement Kayla la retrouva et la fit descendre de son petit nuage … Quelques jours plus tard, Kayla donna des livres à Maelynn en lui disant “Ta mère veut que tu lises ça ! Mais sache que je ne peux pas t’aider de mon côté, je ne sais presque rien de la magie parce que je suis une cracmole. Donc bonne chance !” Elle avait pris un air presque sarcastique et était ensuite retournée à ses occupations.

Maelynn avait tout appris dans les livres, à l’âge de onze ans lorsqu’elle reçut sa lettre de Poudlard, elle n’en fut pas vraiment étonnée. Enfermée chez elle, avec les livres que lui avait donné sa mère, elle avait appris pleins de choses sur l’histoire de Poudlard, sur les sortilèges, le Quidditch, sur le mage noir que l’on appelait autrefois « vous-savez-qui » et tout ce qui pourrait l’aider dans son avenir. Sereine, elle se rendit donc au chemin de traverse avec Kayla qui ne venait plus très souvent à la maison. Elle ne s’occupait plus que de faire le plein du réfrigérateur, de gérer les comptes financiers de la famille Walden et de faire un peu de ménage quand elle en avait l’occasion, sinon c’était Maelynn qui s’occupait de tout. Une fois sur le chemin de Traverse, Maelynn s’émerveilla de tout ce qui l’entourait, mais elle déchanta vite, parce qu’après tout, elle avait déjà vu tout cela dans les livres, et ce n’était plus si étonnant que ça. Après être passé à Gringotts où elle apprit qu’elle avait un compte en banque plutôt bien garni, elle alla faire tous ces achats, de la robe de sorciers, jusqu’à la baguette magique. D’ailleurs cette dernière était une baguette en bois de rose, de 27,5 centimètres et contenant une plume de phénix ; il faut l’avouer cette baguette avait un très bel aspect. Cela mit de côté, elle était fin prête à partir à l’aventure, et surtout à quitter la noirceur, la tristesse et la nostalgie qui l’étouffaient à longueur de journée dans sa petite cabane-maison en bois d’où Jenna ne sortait presque jamais.

“Salut, je peux m’asseoir à côté de toi ? Les autres compartiments sont remplis et lorsqu’ils sont vides, les gens y ont vraiment une tête bizarre.” Acquiesçant de la tête, Maelynn laissa le jeune garçon qui s’était présenté à elle s’asseoir à ses côtés. Elle était seule dans le dernier compartiment du train, plusieurs personnes étaient déjà passées par là, mais sans jamais lui adresser la parole, peut-être avaient-ils peur d’elle, ou bien peut-être qu’ils ne voulaient simplement pas avoir à faire avec une fille comme elle. Du coup, durant les quinze premières minutes de trajet, elle s’était résignée à être détestée de tous et de ne jamais avoir d’amis à Poudlard. Seulement, cette rencontre surprenante la délogea de ses craintes. “Au fait, je m’appelle Lucas Gale Hoggins. Et toi tu es ?” “Maelynn Laelia Walden, enchanté.” Elle resta plutôt craintive au début, mais finalement, très vite ils sympathisèrent et quand ils furent envoyés tous deux à Gryffondor, leur amitié se scella à jamais.

“Dix BUSE obtenues avec les mentions suivantes : Effort Exceptionnel en Botanique, Optimal en Défense contre les Forces du mal, Effort Exceptionnel en Métamorphose, Effort Exceptionnel en Potions, Optimal en Sortilèges, Acceptable en Histoire de la magie, Optimal en Astronomie, Effort exceptionnel en Arithmancie, Optimal en Étude des Runes. (…) Mais tu es trop forte Lynn, comment t’as fait ça ? Ce n’est pas possible que tu sois à Gryffondor, tu devrais être à Serdaigle ! Rappelle-moi encore une fois ce que t’as dit le Choixpeau avant de te mettre à Gryffondor ?” “Que j’avais beaucoup de capacités intellectuelles, mais que mon caractère déterminé, endurci et plutôt courageux s’adressait mieux à Gryffondor et qu’ainsi je pourrais développer tout mon potentiel sans en perdre une miette ! Je ne sais pas combien de fois je te l’ai répété Luc’ j’ai l’impression que tu m’écoutes jamais.” “C’est ça, dis ce que tu veux, mais t’es la chouchoute de tous les profs de toute façon donc arrête de te morfondre dans ton coin.” “Peut-être que les profs m’adorent, mais les élèves sont plutôt du genre à me détester ! …” “C’est pas grave vu que tu m’as moi !” Lucas donna un petit coup de poing amical à l’épaule de Maelynn et la prit dans ses bras. “T’inquiète, tu seras toujours ma meilleure amie quoi qu’il puisse arriver ! Même quelque chose de totalement fou !”

Il n’aurait jamais dû parler aussi vite … Maelynn était assise dans un siège de la salle commune des Gryffondor et Lucas était assis devant elle. “Tu te rends compte que certains de ces nouveaux moldus nouvellement sorciers veulent intégrer l’école Poudlard ? C’est sidérant !” “Moi, je dois t’avouer que je trouve ça plutôt marrant, on va bien s’amuser à leur en faire voir de toutes les couleurs !” “Luc’, tu sais bien que je ne suis pas comme ça. Même si je me demande toujours pourquoi je n’ai pas pu devenir préfète de Gryffondor, je maintiens que sans moi, les petites premières années auraient déjà été massacrées par les plus grands. Je suis plutôt pacifiste, ne l’oublie jamais, alors si tu tentes quoi que ce soit pour embêter ces sorciers-moldus, ‘fin je ne sais pas comment les appeler, et bien tu auras affaire à moi, et sûrement aux préfets de Gryffondor que je préviendrai personnellement !” “Tu sais bien que je blague Lynn’, j’suis comme toi, pacifiste !”