J’ai retrouvé ce vieux journal dans un carton de notre ancien manoir. Je l’avais oublié. Comment ais-je pu ? Je me demande bien. Depuis que nous sommes jeunes, Mère obligeait Lauryn et moi à écrire nos pensées. Qu’on garde le lien du sang avec cet ancêtre écrivain. Depuis que je suis tout jeune, je trouve cette tradition ridicule mais je me gardais bien de le dire puisque toute forme de rébellion était mal convenue. J’ai arrêté d’écrire en entrant à Poudlard. Je prétextais à Mère que j’étais bien trop occupé, que je voulais avoir de bonnes notes et qu’il me fallait donc travailler d’arrache pied. Mais à vrai dire, je ne me suis jamais sentit écrivain, encore moins poète. Les mots ne sortent pas de ma plume aussi aisément qu’à Lauryn. Elle a beau être ma cadette de trois ans, elle a toujours su si bien manier la parole alors que je donne l’air d’être un ourson mal léché la plupart du temps. Ainsi, je me retrouvais dans des disputes interminables dès que je sortais du cadre familiale et Lauryn se retrouvait obliger à jouer à l’arbitre et me dépêtrer de mon manque de sociabilité. Maintenant qu’elle n’ait plus là, je n’ai que peu de raison de sortir de chez moi et je passe beaucoup de temps protégé sous mes couvertures et derrière la fumée de mon thé.

Je ne l’aurais pas cru mais les mots viennent plus facilement que je ne le pensais. Je me demande encore un peu pourquoi je me mets à réécrire dans ce vieux journal alors que certaines pages se déchirent et que le papier jaunit petit à petit. Mais je sais au fond de moi que je tente de garder un lien avec ma famille et à ma vie avant Ces événements. Ça me permet de voir plus clair.

Je vis mal les récents évènements pour être honnête. Notre famille a toujours été honnête et son seul défaut a bien été d’être trop fière de son sang, de son nom et de sa lignée. Nous n’avons pas participé à la guerre et malgré tout, nous nous sommes être trouvé être des parias aussi bien que ceux qui avaient pris leurs baguettes. J’en garde une amertume certaine et je me demande si le temps l’effacera. J’ai toujours été rancunier. Père me le reprochait sans cesse quand il me punissait et que des mois plus tard, je le lui rappelais lors d’une autre dispute.
Mais il faut dire que j’ai mes raisons et qu’elles sont valables. Après les évènements que nous connaissons tous, le discrédit a été jeté sur ma famille et celle-ci a éclaté. Mère a beaucoup pleuré les premiers jours car elle était très fière de ses valeurs et de ses ancêtres. Elle ne voulait plus sortir de la maison et restait enfermée dans sa chambre à lire de la poésie et écoutait de la musique classique. Elle a toujours été si fantasque, si mélancolique et à croire que c’est un gène dans notre famille. Lauryn, qui a toujours été très sociable et souriante, supportait aussi très mal qu’on se moque de notre nom, qu’elle devienne la risée de son entourage et qu’on nous regarde bizarrement. Elle voulait changer de nom, qu’on recommence à zéro et qu’on fasse profile bas. Père et moi n’étions pas d’accord. Tant bien si cette sempiternelle ronde autour des valeurs de notre famille me fatiguait la plupart du temps, je ne voulais pas pour autant la renier et cela me faisait honte ne serait-ce que d’imaginer que nous puissions nous cacher comme si nous avions commis un crime.
Mes parents ont donc décidé de quitter Londres. Ils ont déménagés à la campagne, loin des regards et des on-dits. Je vais les voir de temps à autre mais l’ambiance m’est souvent pesante et ils ne vivent à présent que dans le passé. Mère a peu d’amis et ceux qu’elle a, elle les fait venir chez eux.
Lauryn a disparut. Elle voulait changer de nom et je pense qu’elle l’a fait, coupant ainsi tous liens avec nous. Elle nous a jamais contacté depuis et je lui en veux énormément pour cela même si à la fois, elle me manque terriblement. Je ne suis pas sûr de pouvoir la pardonner un jour cela dit. Je pense qu’elle vit encore à Londres, elle a toujours adoré cette ville. J’ai tenté de la retrouver mais rien n’y a fait et j’ai depuis, abandonné, bien trop blessé dans mon orgueil. Je ne suis de toute manière pas sûr de vouloir la revoir car je ne saurais comment agir.

Durant Poudlard, je me suis passionné pour les études. Il faut dire que je ne comptais que très peu d’amis malgré les efforts de Lauryn à l’époque pour m’intégrer dans son propre groupe de connaissance. Je n’ai jamais réussi à être très social. Pas que je puisse être mal à l’aise en compagnie de trop de monde. Non, j’ai plutôt beaucoup de mal à aimer les gens m’entourant. Et je suppose que l’inverse est sans doute aussi vrai. Mes remarques acerbes et mon honnêteté rendait la tâche difficile aux autres pour tenter de s’approcher de moi. J’ai donc préféré me plonger dans les livres, non pas de littératures, mais d’étude. J’ai su très vite que je voulais devenir psychomage. Parce qu’aussi saugrenu que cela puisse paraître, j’étais intéressé par la psychologie des sorciers quand la plupart d’entre eux ne m’intéressait aucunement. Les plus passionnants étant les plus névrosés. Ceux qui m’entouraient étaient simplement d’une banalité affligeante. J’ai donc suivit une longue formation afin de pouvoir convoiter le poste de psychomage à Saint Mangouste. Peu après que je sois entré en service, j’ai eu le cas d’Adam Lovelace. Celui-ci est sans doute devenu un de mes rares amis. Les débuts furent durs et sans doute que je fus beaucoup la cause de nos malentendus et disputes. A présent, notre amitié semble plus sincère malgré que je puisse encore être un peu secret. C’est ainsi, il n’y a que ma famille auparavant qui avait eu le privilège de me connaitre entièrement et il est difficile de me dévoiler. Le temps aidera peut-être.

Je viens de passer une heure à chercher et à trouver un sortilège pour retrouver ma couleur de cheveux naturelle. Au mauvais endroit au mauvais moment et des abrutis ont voulus faire une mauvaise plaisanterie comme ils en ont l’habitude. Me voilà donc avec les cheveux bleus turquoises et le personnel de Saint Mangouste a bien rit de ma déconvenue. « Je trouve cela drôle, Lawrence. » ou « Tu es bien trop conservateur de t’énerver pour si peu ! » m’a-t-on dit alors que je fulminais.

S’il fallait être honnête, je n’aime pas ces nouveaux sorciers. On était bien suffisamment nombreux auparavant et je les tiens en partie responsables de la chute de ma famille. Même si je suppose que la plupart sont tous bien trop ignares pour savoir qui les Coleridge sont. Comme le disent mes collègues, je suis sans doute bien trop conservateurs mais je me méfis et les vois d’un mauvais œil. Seul l’avenir me dira si j’ai raison mais je n’aime pas la nouveauté jetée en pleine figure sans que l’on demande mon avis.

Et j’ai finalement retrouvé ma couleur blonde naturelle, dieu merci.