« - C'est une fille.
- Chéri, t'as entendu ? C'est merveilleux. Comme prénom j'ai déjà réfléchi, tu dirais quoi de Saphyr ?
- Hum, oui, oui, pas maintenant s'il te plaît. Désolé, mais il faut que je te laisse, j'ai une réunion avec un collaborateur du travail. Ne m'attends pas ce soir. Demande à Margaret de ne pas me préparer de repas, je mangerai là-bas. »
Le pouvoir ne s'atteint pas sans effort. Il faut savoir faire des sacrifices. Dès mon plus jeune âge, j'en fut consciente. Mon enfance ? Un petit paradis. Comme tout les enfants de mon milieu. Mon père était un membre du gouvernement anglais, constamment en déplacement. Je ne souffrais pas du manque, comment l'aurais-je pu avec toute l'attention que je recueillais. Ma mère quand à elle, était rédactrice en chef d'un magazine de mode, travail absolument pas nécessaire financièrement mais qui lui permettait de sortir un peu, une petite occupation pour se divertir entre les galas de charité et autres représentation en public. Tout le monde connaissait les héritières américaines, aux fresque aussi retentissante qu'était garni leurs comptes en banque. En Angleterre, c'était la même chose. Les frasques en moi. Ou du moins, nos frasques, nous les gardions privées. C'était les bonnes manières anglaises. Nous, au moins, nous savions nous tenir en public. Bien que mes parents travaille, c'était purement parce qu'ils le voulaient. La famille de ma mère et celle de mon père, les Silverstone, étaient deux familles de haute société anglaise. Mes parents se connaissaient depuis leurs enfance, et le fait qu'ils se marient à l'âge adulte a toujours été plus ou moins sous-entendu. Ils s'apprécient donc, mais ne se voient que rarement, et leur mariage n'existe que sur le papier et pour la presse.

« - Saphyr. J'ai reçu ton bulletin de note. Tu as 16. Est ce que je t'ai autorisé à passer à 16 ? Il ne me semble pas. Je t'ai toujours dit, ne compte pas sur moi, je ne serais pas là pour te porter toute ta vie, et hors de question de vivre en rentière. L'argent, tu l'as, à toi de le mériter. Je me suis bien fait comprendre ?
- Oui papa. Je vais me remettre au travail. »
Contrairement à ce que l'on pouvait penser, certes mon éducation me plaçait sur un trône d'argent mais il me fallait mériter l'attention que l'on me portait. Mes parents étaient tous deux perfectionnistes. Je devais être parfaite. En tout. Dès mon plus jeune âge, j'alliais décontraction apparente et rigueur cachée. Je me devais de réussir étude et vie publique. J'apprenais avec ma mère, la vie en société, s'adapter aux autres tout en restant soi même, comment une tenue faisait ou défaisait l'opinion qu'avait les gens de vous. J'apprenais à me mettre en valeur et avait hérité du sens du style de ma mère. Les apprentissages de ma mère combinés à ceux de mon père me rendait redoutable. Main de fer dans un gant de velours. Je savais ce que je voulais et comment parvenir à l'obtenir. A l'école, j'étais sans surprise la reine, aimée et écoutée. J'avais un tempérament de peste que j'assumais totalement, et en jouait fréquemment contre mes petits camarades. Je n'étais pas facile à vivre, ambitieuse, perfectionniste, peste sur les bords, mais je savais me débrouiller pour que mes défauts soients dissimulés. Je contrôlais ma vie de A à Z. Je mélangeais mon temps libre entre activité sportive et culturelle. Je ne négligeais pas non plus les relations avec les autres. Nous étions la future génération de l'élite londonienne, nous nous côtoierions pour une partie de notre vie. La pression était constante, et à vrai dire, lourde sur les épaules d'une jeune fille. La perfection n'existait pourtant, c'était ce que je devais viser.

« - Opa, dis, tu crois qu'un jour je serais aussi jolie que toi ?
- Pearl. Regarde moi ma puce. Tu es la plus jolie fille de la terre. T'es mon petit ange à moi. Allez viens, ma petite perle, on fait la course pour aller chercher des glaces ? »
Ma bouffée d'oxygène. C'était elle. Pearl, ma petite sœur, mon petit bijou. Elle aussi avait bénéficié de l'amour de tout ce qui était précieux de notre mère. Si elle avait pu, nous nous serions appelées Émeraude ou Diamant. Quand j'étais avec elle, peu m'importait la pression sociale, les cours, les bonnes manières. J'étais juste une jeune fille de mon âge, qui profitait de la vie. Une fois par semaine, nous avions notre petite escapade entre fille. Je ne me maquillais pas, m'habillait le plus simplement possible. Je n'étais pas là pour me faire remarquer. Pearl, c'était la chose la plus précieuse à mes yeux. Je me rebellais contre mes parents, si je jugeais qu'elle était punie pour une raison futile, si ils ne lui manifestaient pas assez de tendresse à mes yeux.

« - Saphyr. Viens ici de suite. Tu n'étais pas à la réunion du comité de préparation du gala de charité de Noël. Je suis inquiète. Inquiète pour toi. Tu comprends pas. Nous voulons le meilleur pour toi.
- Maman. Tu sais quoi. Je m'en fous. J'en ai marre. Et je m'en fous de ce que tu peux bien me dire. Là j'ai pas envie.
- Saphyr, reviens tout de suite où tu vas ?  Saphyr ?! »
J'étouffais dans ma vie parfaite. C'est Pearl qui m'en avait fait prendre conscience. Elle était si naïve, si insouciante. J'avais tout pour être heureuse. J'avais trop de bonheur. Des milliers de filles rêveraient de ma vie de luxe, oui j'apparais dans les magazines, où je porte de la haute-couture, les couturiers se bousculent pour que j'apparaisse avec leurs créations. Mais dans tout ça qui se soucit de ce que moi je veux ? Et si en fait j'avais juste envie de me poser un peu. Me poser juste pour réfléchir. J'avais un copain, il était mignon, serviable, gentil. Mais lisse. Tout était lisse et monotone. Je voulais du changement, des choses nouvelles. Recommencer à zéro. Je me rebelle à ma façon, autant que l'on le peut dans ma vie cadenassée. Je ne voulais pas tout abandonner. J'aimais ma vie. J'aimais mon statut. Mais je voulais voir, si MOI je pouvais y arriver. Pas ma mère, pas mon père. Non je voulais voir ce que je valais vraiment. Derrière, ma façade, j'étais quoi moi ?

«  - Opa, dis... C'est pour moi les bonbons ?
- Les bonbons, quels bonbons ? T'as trouvé ça où ? Ca doit être Margaret qui nous a offert ça. Bon allez prends en, et on y va. Maman va crier si je viens pas au gala, elle doit me présenter à un potentiel futur ministre.
-Tiens prends en aussi. Pour me faire plaisir. Opa. Je t'aime.
- Bon d'accord, passe moi ces bonbons. Je te préviens maintenant je mange tout. Moi aussi ma puce, moi aussi. »
Du changement, mais quand je disais que je voulais du changement je m'attendais pas à ça moi. J'ai l'impression d'être dans un rêve, mon réveil va sonner bientôt, je me dirigerais vers le lycée où je passerais une journée de cours des plus normales. Mais non. Je ne me réveillais pas. J'avais du mal à croire ce qu'il avait existé pendant toutes ses années, il y avait une autre société à côté de la notre sans que l'on en est conscience. Ca remettait pas mal de chose en question. Je ne savais plus trop où j'en étais. Comparé à ce qui m'arrivais, de quoi je pouvais me plaindre avant, qui se plaint d'avoir une vie trop parfaite. Mais l'idée d'un nouveau départ était tentante. Les sorciers, poussez vous, Saphyr arrive. Et quand Saphyr veut quelque chose, peu importe ce qu'il y a sur son chemin, elle l'a. Mon ambition naturelle ressortait. C'était un challenge. A moi de le relever. J'étais devenue une sorcière ? Je n'allais pas rester dans la médiocrité. C'était le meilleur ou rien. Hors de question, une fois dans ma nouvelle école au nom assez étrange, Poudlard, de ne rester qu'avec des "moldus" comme ils nous appelaient. Oh non. Les autres, ils restent entre eux, moi je vais occuper une place dans cette école. Poudlard, les sorciers, toutes les choses magiques, je vais vous maîtriser.
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