« Mais qu'est-ce que tu fais Rachel ? »

« Je suis allée boire dans la salle de bain. »

« Ah, d'accord... Bonne nuit... »

||| Je respirai un grand coup avant de me poser la main sur le cœur. Nom d'une gargouille, qu'est-ce qu'elle avait pu me faire peur. Je venais à peine de me lever qu'elle s'était réveillée en sursaut et m'avais adressée la parole. Je retins ma respiration pour écouter la sienne. Sasha dormait tranquillement, mais comme je venais de réveiller Mischa, j'espérais qu'elle s'endorme au plus vite. C'était l'une des rares fois où je l'avais réveillée, et je n'y étais pas vraiment habituée, moi qui ne faisait aucun bruit d'habitude. Les minutes filèrent petit à petit avant que je ne retente. Pour être sûre de mon coup, je l'appelai d'une petite voix plusieurs fois, mais elle ne répondit que par un changement de place. Bon, la voie était libre elle était à nouveau tombée dans les bras de Morphée. Je me levai bien vite, pris les affaires que j'avais préparée et sortis sans bruits du dortoir. |||

||| J'avais passé une bonne journée, du moins, une journée habituelle, où rien n'était sorti de l'ordinaire. Mischa, Sasha et moi avions bavardé à chaque cour, nous avions encore écopé d'une colle pour bavardages intempestifs, et nous avions terrorisé une gamine un peu trop impertinente à notre goût. Une journée normale, sans fausses notes, dans un collège normal, ou presque. C'était une journée qui aurait pu continuer ainsi, mais le destin en avait décidé autrement. Aujourd'hui, on était Mardi, et Mardi rimait avec interdis, ou si on le conjugue au féminin, interdite. Comme tous les mardis soirs, je devais aller dans la Forêt Interdite et apprendre à contrôler, à maîtriser parfaitement ce foutu don. Cette chose dont tout le monde ignorait l'existence, et que tous ces gens continueront d'ignorer. Je n'avais pas envie de me faire insulter de monstre et d'horreur de la nature encore une fois. Beaucoup de temps s'était écoulé depuis, mais la blessure était encore à vif, je n'avais jamais pensé à la refermer, du moins je n'en avais jamais eu le courage, puisque la refermer rimait avec « faire confiance et la révéler », ben voyons. |||

||| Je crus entendre un bruit et me retournai pour voir s'il y avait quelqu'un à l'horizon, personne. Je respirai un coup, me rendant compte que j'avais retenu ma respiration en me retournant. Si à chaque fois que j'étais surprise, ou que j'avais peur, j'arrêtai de respirer, je finirai par mourir plus vite que je ne le croyais. Ma blague de mauvais goût m'arracha un sourire tandis que je relevai la tête et remarquai que la lune était pleine. Je soupirai alors et tournai mon regard vers la Forêt Interdite. Je venais tout juste de passer la Cabane du Garde-Chasse, et il me restait quelques mètres à peine à traverser. Je souris une nouvelle fois, me passai la main dans les cheveux et courus vers la Forêt en faisant le moins de bruits possible. Vous me prenez pour une folle ? Peut-être l'étais-je, qui sait ? En attendant le terme inconsciente me correspondait bien plus. Le danger ne me faisait pas peur, et ne me fais toujours pas peur, après tout ne permet-il pas l'apparition de l'adrénaline ? Vous devriez essayer, c'est vraiment agréable. Personnellement, la pleine lune et ce qu'elle signifiait ne me faisait pas peur. Des loup-garous ? J'en avais déjà rencontré plusieurs. J'étais toujours en un seul morceau, et je ne suis pas victime de lycanthropie. Ils ne me faisaient rien, et je n'avais pas peur d'eux. Dans le pire des cas, je savais en quoi me transformer, je savais me défendre, j'avais du répondant. Et puis à choisir entre les insultes, parce que je n'aurais pas su me contrôler, et les loup-garous un peu trop sanguinaires, mon choix était vite fait. Au moins, ces derniers ne me jugeraient pas. |||

||| J'arrivai dans la clairière qui me servait de base, en quelque sorte, et de terrain d’entraînement. Elle n'était pas tellement enfoncée dans la Forêt, j'étais inconsciente mais pas folle, juste assez pour ne pas être dérangée par des élèves ou des professeurs. De toute façon, personne ne serait assez inconscient pour venir dans la Forêt ce soir, quand même. La Forêt était dangereuse à chaque instant, mais je dirais qu'elle l'était bien plus les nuits de pleine lune, allez savoir pourquoi. Je serais donc tranquille pour m’entraîner, encore et toujours. Je soupirai et commençai mes étirements, dans un noir presque absolu, mais cela ne me dérangeait pas tellement, j'avais l'habitude maintenant. Je fermai les yeux et continuai mes mouvements, en restant concentrée sur l'extérieur. J'étais peut-être inconsciente puisque j'étais venue ici ce soir, mais je n'étais pas complètement folle pour me couper du monde pendant mes exercices. Je savais aussi qu'allumer ma baguette serait une entreprise assez folle. Après tout, cela aurait pu attirer des animaux que je n'avais pas vraiment envie de croiser pour le moment. |||

||| Au bout d'un temps, je pris ma baguette et allumai une flamme bleu dans le bocal que j'avais emporté. La flamme n'éclairait pas tant que ça, juste assez pour me permettre de travailler. Je me dirigeai vers le ruisseau qui coulait au milieu de la clairière, et m'assis en tailleur sur une pierre plate. Pour le moment, j'entrepris de transformer mes cheveux en fonction des coloris qui me passaient par la tête et je vérifiais la couleur dans l'eau. Puis je fis de même pour ma peau. J'arrêtai au bout d'un moment, sachant que je m'étais assez entraînée sur de si petites bases. Je soupirai avant de me regarder dans l'eau. Je n'avais pas envie de continuer à faire ce que je faisais, je n'avais pas envie de faire ce que j'allais devoir faire, je n'avais pas envie de tenir cette promesse, et si j'avais pu choisir, je n'aurais pas eu envie d'avoir ce don. De toutes les choses que je n'avais pas envie de faire, rester dans la clairière, alors que je courrais quelques risques, il fallait l'avouer, était la dernière sur la liste. Et puis en plus, que signifiait la mort ? Je me fichais de mourir ou pas, au moins certains seraient contents. D'autres seraient peut-être tristes... Ces autres à qui je mentais par omission, ces autres à qui je tenais qui ignoraient encore beaucoup de moi. Je me tapai légèrement le haut du crâne, avant de soupirer et de fermer les yeux un instant. Je me forçai à avoir une respiration posée et calme, avant de commencer les transformations humaines. Je pris l'apparence de nombreuses personnes de ma connaissance. Une fois que j'eus finis ce que j'avais à faire, j'entrepris de me transformer en animal jusqu'à ce que j'entende des craquements, comme si quelqu'un marchait dans ma direction. Je me transformai juste quelques secondes le temps d'éteindre mon bocal avant de me transformer en louve, ma forme préférée. Si c'était un loup, je n'aurais rien à craindre. Et si c'était un humain.. Il n'y aurait pas d'humain dans la Forêt à cette heure-là et encore moins une nuit de pleine lune. Et puis si jamais c'était un humain, la seule chose qui pourrait me nuire aurait été la couleur de mes yeux qui changeaient au fil de mes humeurs, mais pour cela cette personne aurait du s'approcher au plus près de moi, et je doute qu'elle l'aurait fait. J'étais une louve, non ? J'avais juste à attendre que l’intrus s'en aille pour reprendre ce que je faisais. |||

||| C'était un humain. Franchement, je n'avais vraiment pas de chance ce soir. Mischa qui se réveille, et le nouveau garde-chasse qui me découvre, tout ceci en une nuit ! A choisir, j'aurais préféré un loup-garou, au moins il m'aurait laissé tranquille. Ou plutôt, il aurait ignoré que j'étais humaine. Oui, oui une humaine métamorphomage, une erreur de la nature. Mais un homme, lui, ne l'ignorait pas. Je le regardais approcher avec méfiance tandis qu'il levait les mains. Le faisait-il pour contrecarrer une éventuelle attaque de l'animal que j'étais ou il avait peur que l'humaine que j'étais ne prenne la fuite ? Je n'étais pas une métamorphomage déclarée, et je ne le serais jamais, je peux vous l'assurer. Donc il ignorait ce que j'étais, sauf si... Sauf s'il avait vu la lumière. Une louve qui se promène avec un bocal où brillait une flamme bleue, on en croise tous les jours.|||


« N'ai pas peur ! Je ne te veux aucun mal ! »

||| Quelle aide il m'apportait en disant ceci. Il s'avança encore de quelques pas avant de s'adosser à un arbre, les yeux rivés sur l'animal que j'étais. Je soupirai et m'empêchai de tourner la tête, après tout, peut-être ignorait-il que j'étais ce que j'étais. Ou.. Il le savait. Et comment l'aurait-il su ? Très bonne question rhétorique. La lumière bleue sans aucun doute. Il avait du faire une ronde, ou je ne sais quoi, après tout il était garde-chasse et devait connaître la Forêt comme sa poche, il avait vu une lumière à je ne sais quelle heure du matin et il était bien évidement venu voir d'où elle provenait. Et évidement, il a du m'apercevoir. Donc, dans le pire des cas, mais surtout le plus réaliste il savait que je n'étais pas une vraie louve. D'ailleurs, le fait qu'il attende patiemment je ne sais quoi contre son arbre sembler prouver ma théorie. S'il avait cru que j'étais une louve ordinaire, il serait parti sans se retourner, non ? Alors que là, il attendait en me regardant. Qu'est-ce qu'il attendait au juste ? Que je me retransforme en humaine alors qu'il y avait un infime espoir qu'il ne m'ait pas vu ? Ben voyons, il pouvait toujours rêver. |||

||| Les minutes passaient petit à petit, tandis que je m'imaginais les plans les plus incongrus pour échapper à cette situation dans laquelle je m'étais fourrée. J'imaginais qu'un loup-garou pourrait arriver, mais je ne souhaitais ni la mort de cet inconnu, qui ne semblait pas méchant, ni le fait qu'il soit sujet à la lycanthropie. Pourquoi pas un centaure alors ? Non, je ne vois pas pourquoi ils m'aideraient. Même s'ils sont aimables, enfin tout dépend certains, ils sont à prendre avec des pincettes et ils ont des idées particulières. En bref, ce ne sont pas des Centaures pour rien. Je soupirai avant de tourner et retourner le problème une centaine de fois dans ma tête, je ne trouvais pas de solutions. Je finis pas relever la tête, que j'avais posée sur mes pattes pour réfléchir plus à mon aise, avant de m'avouer vaincue. Il savait que je n'étais pas un vrai animal, sinon il ne serait pas resté, et il aurait encore moins attendu patiemment, les yeux fixés sur moi. Il avait également tout fait pour que je me sente en sécurité avec lui, alors que je ne le connaissais pas. Pourquoi serais-je en sécurité d'ailleurs ? Et s'il réagissait comme... Comme tous ces gamins à l'école ? Si une fois encore dans ma vie je me faisais insulter de monstre à cause de ce foutu don que je n'avais pas choisi ? C'était le risque à courir, même si en y réfléchissant mieux, il pouvait attendre toute la nuit s'il le fallait, je ne voyais pas pourquoi je devais me transformer. Mais il y avait les loups, et l'odeur d'un humain dans la Forêt les conduirait ici. Je ne doutais pas de sa force physique, mais c'était une situation dangereuse que j'avais crée. Enfin, il n'aurait eu qu'à tourner les talons aussi, plutôt que de rester là, non ? Enfin en attendant, ce devait être un homme patient, vu qu'il restait encore là, attendant que je me comporte en personne mature et adulte, autant que mon âge pouvait me le permettre. Je fermai les yeux un instant avant de respirer à fond, me préparant à recevoir les insultes qui correspondaient à ce que j'étais, puis je me transformais en humaine. |||

||| Je gardai toujours les yeux fermés tandis que je recouvrai mon vrai corps, celui qui était le mien, qui me correspondait le mieux, celui que je préférais, évidement. Celui de louve ne me dérangeait pas, mais je n'aurais pu vivre sous cette forme c'était bien trop compliqué. Je serrai les poings aussi fort que je le pouvais, m'enfonçant les ongles dans la peau en attente des insultes qui viendraient, j'en étais certaine. Après tout, n'étais-je pas comme ces gamins l'avaient dis ? Ce don pouvait faire de moi une créature, une personne qui pouvait prendre l'apparence de n'importe qui. Je ne possédais peut-être pas toutes les qualités d'un monstre, mais j'étais une arme dangereuse, ma mère me l'avait souvent répété avant de s'enfuir. Je finis cependant par ouvrir les yeux, mais ne vis aucune trace de peur, ou de dégoût dans son regard. Non, cela ne semblait pas banal pour lui, mais normal, enfin à ce que je pouvais voir. Aucun étonnement, aucun geste de recul. Il était la première personne au courant ici, puisqu'il m'avait découverte. Ben tiens, ça me faisait une belle jambe ça. Pourquoi avait-il fallu qu'il me découvre ? Je ne l'avais jamais été, pourquoi maintenant ? |||

« Je ne vois pas pourquoi j'aurais peur de toi. Par contre, je.. Pourquoi n'es-tu pas, je ne sais pas moi, surpris, dégoûté, ébahis ou effrayé par ça, cette chose que je possède ? » ||| lui demandai-je d'une voix surprise et douce. |||

||| C'était la première fois que ces mots sortaient réellement de ma bouche, la première fois que je disais tout haut ce que je pensais à voix basse, et à un inconnu en plus. Plus le temps passait, plus la situation empirait. Au final, j'étais certaine que j'aurais mieux fais de rester dans mon lit, plutôt que de m'aventurer dehors. Pourtant, en posant cette question, je sentis un infime poids se détacher de mon cœur, tandis qu'un autre le remplaçait en attente d'une réponse. Et si au final, il prenait peur ? Je ne serais pas étonnée, mon don était une malédiction que je ne méritais pas, que ceux qui le considère comme « incroyable, démentiel, phénoménal » ou je ne sais quoi d'autre me le prenne, qu'il me l'arrache, je leur laisse sans aucun problème, je n'en voulais pas. Il m'avait apporté tellement de problèmes, il avait ruiné ma vie de famille et pourtant je devais l'utiliser encore et toujours pour qu'il ne ruine pas à nouveau quelque chose de ma vie. Je n'en voulais pas de ce don, mais plus encore, je ne voulais pas que quelqu'un apprenne que je le possédais. Ce n'était pas seulement la réaction de cette personne qui me faisait peur, mais ce qui pouvait en ressortir après. Qu'elle prenne peur, ou m'insulte d'horreur de la nature, j'y étais préparée, j'en avais déjà fais les frais, mais la chose à laquelle je ne m'étais jamais préparée c'est à ce que ceci soit dévoilé, que je sois dévoilée au collège entier, que je sois référencée, cataloguée comme étant une métamorphomage, une arme, un monstre. Je détournai les yeux qui venaient de passer à un bleu pâle et tellement triste. Tristesse, puis colère. Une colère grandissante qui me surprit quelque peu et métamorphosa la couleur de mes yeux en un gris-noir monstrueux, qui me faisait tellement peur. J'étais énervée contre cet inconnu, mais surtout contre moi. Quelle imprudente j'avais été. Pourquoi n'avais-je pas fui quand j'en avais encore l'occasion ? Pourquoi étais-je venue alors que la soirée s'annonçait mal ? Quelle idiote, mais quelle idiote j'étais. Je me tournai encore vers cet inconnu, le nouveau Garde-Chasse arrivé il y a peu qui devait, qui devait faire je ne sais quoi, mais qui ne devait pas rester là. Qu'il s'en aille.|||

« Tu n'as pas une ronde, ou ta promenade nocturne à finir ? Des choses à surveiller ou un lit à retrouver ? »

||| Ce n'était pas réellement une question, et ma voix s'était changée. Elle n'était pas hargneuse, mais elle signifiait clairement que je ne voulais pas de lui ici. Si jamais il avait su décrypter la couleur de mes yeux, il aurait vu que j'étais énervée, pas contre lui mais contre moi, et l'imprudente que j'étais. Il aurait également vu que j'étais effrayée, effrayée par le fait qu'il ait découvert mon don, effrayée de sa future réaction, effrayée qu'il le dévoile. Je préférais qu'il parte sans se retourner, avec la promesse qu'il garde ce qu'il avait vu pour lui. Je ne voulais pas de réponses à mes premières questions, celles que j'avais enfin posé à quelqu'un et dont je voulais plus que tout obtenir les réponses. Non je ne voulais pas vraiment savoir ce qu'une autre personne pouvait penser du don que je possédais. Si pour elle je n'étais pas un monstre, comme les gamins me l'avaient claironnés, j'étais une arme, comme ma mère me l'avait signifié, comme mon père me le montrait en m'utilisant. Alors à choisir entre le monstre et l'arme, je préférais ne pas savoir et rester seule avec ce secret, qui n'en était plus vraiment un maintenant. |||

« Pourquoi le serais-je ? Tu es douée en tout cas. »

||| Je le regardai avec un étonnement grandissant. Il y avait tellement d'arguments que je pourrai énoncer pour expliquer pourquoi, comment et de quelles façons il devrait ressentir de la peur, ou du dégoût. Je savais que j'avais comparé inconsciemment la situation avec celle que j'avais vécu lors de mon enfance, alors qu'elle était tout autre. Quoique même pire, puisque je m'étais transformée en animal plutôt qu'en « sorcière » avec des cheveux noirs et des yeux noirs comme l'ébène. Qu'est-ce qui faisait le plus peur entre les deux ? Très bonne question. Enfin ce qui changeait réellement c'était que la personne en face de moi soit un sorcier, peut-être cela modifiait-il quelque chose de très important. Les gens comme moi, il y en avait très peu, semblaient mieux acceptés, enfin c'était d'une logique imparable, puisque les sorciers comprennent la magie, même celle aussi bizarre qui est mienne. Mais, si les moldus ou même certains sorciers me voyaient comme un monstre, ou une bête de foire, les autres me voyaient comme une arme. Oui, oui je sais, je me répète, mais c'est la réalité, c'est ma réalité. Celle que je m'imagine, celle que je vis, ou plutôt que j'ai vécu. |||

||| Alors avoir du talent.. Peut-être ? Qui sait, je m’entraînais assez souvent pour avoir une totale maîtrise sur mon don, mais le talent c'était tout autre non ? N'est-on pas talentueux lorsque l'on pratique quelque chose que l'on aime ? Ce n'était pas quelque chose que j'aimais pratiquer. Et puis, en y repensant, comment pourrait-il le savoir ? Ce n'était pas comme s'il savait de quoi il parlait, n'est-ce pas ? Tant de questions et tellement peu de réponses, c'était désespérant. Vraiment, je me posais bien trop de questions, je me prenais trop souvent la tête pour des broutilles. Enfin, dans ce cas-là, des broutilles, really ? |||

« Tu devrais l'être, enfin je crois.. Douée ? Disons que je recherche une maîtrise totale de ça. Mais.. Ce n'est pas encore ça. Et puis, comment pourrais-tu le savoir ? Je doute que tu ais déjà rencontré quelqu'un comme moi.. »

||| Je le vis s'avancer petit à petit vers moi, et je manquai prendre mes jambes à mon cou. Je ne voulais pas de ce.. Cette confrontation, en quelque sorte. Je ne voulais pas entendre les questions qu'il me poserait sans aucun doute. S'il n'était pas effrayé, il était sans doute de ces sorciers qui profiteraient de ce don.. Ou pas. Après tout, je ne le connaissais pas, je n'avais pas le droit de le juger selon mes apprioris, mais je n'avais jamais été habituée à autre chose. Monstre ou arme. Se cacher et s’entraîner. Comment cela aurait-il pu être autrement ? Moi-même je détestais ce don que je n'avais pas choisi de posséder. |||

«  En fait je rentrais chez moi quand j'ai aperçu une lueur. Tu as de la chance que ce ne soit que moi. Mais je te retourne la question. Pourquoi la forêt ? Tu as d'autres endroits à Poudlard où tu seras en sécurité et où tu pourras...travailler ton don en toute sécurité ! »

||| Mon raisonnement n'avait pas été totalement faux, c'était bien la lueur qui m'avait trahi. En même temps, je ne voyais pas autre chose qui aurait pu trahir ma présence, je n'avais fais aucun bruit. Mais de la chance ? Je ne sais pas si on pourrait appeler ça de la chance, puisque je venais d'être découverte, et le mot « chance » ne pouvait s'appliquer à la situation. Et pour ses questions.. Il n'avait pas vraiment tort, j'aurais pu aller autre part, ce n'était pas faux. Mais à vrai dire, je me sentais mieux à l'extérieur et en particulier au bord de l'eau, d'où ce choix. Mais je ne voyais pas pourquoi il devrait savoir. Après tout c'était un inconnu et il n'avait pas à savoir que je préférais l'extérieur à l'intérieur et l'eau à la terre, ou encore les pierres froides du Château. Sans compter le danger que représentait cette Forêt et l'adrénaline qui en résultait. Oui, parfaitement inconsciente et à la fois consciente, puisque c'était quelque chose que je voulais ressentir. Sans compter que le danger permet de progresser, mais également d'apprendre à garder un calme olympien dans chaque situation. Mais je n'allais pas lui donner les vraies raisons, quand même. Si on me décrit comme mystérieuse c'est pour une bonne raison. En même temps, quelque chose je retenais puisque habituellement, je l'aurais remballé d'un joli «  Je ne vois pas en quoi ça te regarde ! » Mais là.. Là, non. Allez savoir pourquoi. Peut-être le fait qu'il ait quelque chose entre les mains dont il pourrait se servir et me faire chanter. Tient, c'était seulement maintenant que j'y pensais, un peu tard ma jolie. Tout ça pour dire que, je peux vous assurer que mon cerveau n'avait jamais autant tourné et que mes yeux n'avaient jamais changé autant de couleur. Entre le bleu triste, le gris absent, le jaune réfléchit et le brun inquiet, je peux vous dire que mes yeux n'ont jamais été aussi changeant, enfin presque. Et le mensonge, avait-il une couleur particulière ? Enfin ce serait un demi mensonge. |||

« Le danger ne me fait pas peur. Et puis, personne n'irait chercher ici, alors que la Salle sur Demande est très recherchée, et assez encombrée. Je préfère les lieux plus ouverts et plus vastes. »

||| Oui, bon. Ce n'était pas vraiment un mensonge, juste une semi-vérité, j'avais omis quelques détails, mais avait-il vraiment besoin de les savoir ? Il en avait déjà assez apprit sur moi comme ça ; et seulement en une petite soirée ! Vraiment, il pouvait ignorer le reste, il en savait déjà beaucoup, beaucoup trop et je n'aimais pas ça. Et sincèrement, ça ne lui ferait pas de mal d'ignorer tout le reste, vraiment. Ce n'est pas un reproche, c'est juste qu'il y a des choses qu'il vaut mieux ignorer, pour son propre bien. Et le fait que je sois métamorphomage en est une. Évidement, il n'y avait pas que ça, mais pour le moment, c'était bien assez, n'est-ce pas ? |||

||| J'étais toujours debout sur mon rocher, à le regarder, lui debout contre le tronc de l'arbre. Il semblait tellement décontracté, enfin comme s'il était aussi léger qu'une plume. Si je devais me comparer à lui, j'étais tout l'inverse. Mes muscles étaient tendus par l'anxiété qui était mienne, tendus puisqu'ils avaient été soudainement arrêtés en pleine action. Mais le stress était le principal facteur qui comprimait mon corps. Je m'essayai le plus possible à me décontracter mais c'était assez difficile aux vues de la situation dans laquelle je me trouvais. Sans compter que les minutes passaient comme si nous étions hors du temps, enfin, presque. La clairière était seulement allumée par la lumière qu'offrait la lune, lumière minime donc. J'en profitai pour ramasser mon bocal qui était tombé dans l'eau avant de rallumer à nouveau la flamme bleue. A peine m'étais-je relevée, à peine la flamme avait-elle brillé à nouveau qu'elle rejoignit l'endroit où je l'avais sortie, c'est à dire l'eau. Le garde chasse, à qui je n'avais d'ailleurs pas demandé son nom et que je ne connaissais donc pas comme il était nouvellement arrivé, chose incongrue mais je décidais de m'en excuser, venait de transformer la couleur de ses cheveux avant de faire de même pour ses yeux. Je reculai d'un pas et manquai prendre la même direction que le bocal mais je réussi à retrouver mon équilibre. Je n'arrivai même plus à penser à quoi que ce soit, j'étais complètement éberluée, étonnée, je n'en revenais toujours pas. Je perdis d'ailleurs un instant le contrôle de la couleur de mes cheveux, puisque tout comme celle de mes yeux, elle se changea en un vert étonné avant de redevenir d'un blond naturel, tandis que mes yeux restèrent de couleur verte. |||

« Je dois être la personne la mieux placée dans tout le château pour te comprendre...vu que je suis comme toi. »

||| Je le regardai s'asseoir sur la souche et ne savais toujours pas quoi faire. Je finis par m'éloigner du rocher pour m'asseoir en face de lui, tout en restant à quelques mètres de distance. Ce n'était pas parce qu'il était comme moi, enfin qu'il possédais le même don que moi qu'il n'était plus un inconnu. Enfin pour le moment, je ne revoyais que ses métamorphoses dans ma tête et je n'entendais que sa phrase, encore et encore, inlassablement. Il était la première personne que je rencontrais à posséder ce don, excepté mon père, mais ce dernier ne comptait pas réellement. Cela changeait-il quelque chose ? Inconsciemment je sentis que oui. Habituellement, quand j'étais sous le choc ou que je ne me contrôlais plus vraiment, je fuyais pour rechercher la solitude jusqu'à me reprendre en main, alors que là, je l'avais automatique suivit. Pourquoi ? Je ne savais pas vraiment, mais une partie de moi se sentait en confiance à la suite de cette révélation. Je n'étais pas seule à Poudlard, disons que je ne l'étais plus, et que j'avais quelqu'un qui pourrait comprendre. Petit à petit je repris doucement mes esprits et retrouvai contact avec la réalité. |||

«  Très bien. On dira que j'ai rien vu ni entendu. Et ne t'inquiète pas pour ton secret, je sais par expérience qu'il y a des choses à ne pas dire. Et ça en fait partit. »

||| Avec cette phrase, il me prouva qu'il était digne de confiance. Enfin, cela changeait beaucoup de choses maintenant, énormément même. J'avais été découverte par quelqu'un qui était comme moi, c'était un soulagement, puisqu'il comprendrait certainement. Il me fallait beaucoup de temps pour apprendre à faire confiance à une personne, et ma confiance n'était jamais totale, de plus, elle se gagnait avec le temps et pouvait se perdre très facilement. Pourtant, en cet instant, je lui faisais instinctivement confiance, du moins sur certains points, évidement. Allez savoir pourquoi, mais c'était comme automatique, quelque chose au fond de moi savait que je pouvais faire confiance à la personne, dont j'ignorais pourtant tout, qui se trouvait en face de moi. |||

« Désolée pour mon mutisme, et.. Pour le reste. Et merci de garder le secret. Enfin pour la Forêt, ne t'inquiète pas non plus, je la côtoie depuis ma première année, et je sais que je dois faire attention à chaque seconde qui passe. »

||| Je sentis à ma voix que j'étais maintenant détendue, peut-être pas entièrement, mais je n'étais plus anxieuse, bien au contraire, j'étais rassurée. Et maintenant, je pouvais à nouveau réfléchir correctement, je pouvais me comporter naturellement, enfin à quelques détails près. Je me repassai dans la tête la scène où il avait changé la couleur de ses cheveux, puis celle de ses yeux, il contrôlait donc cette dernière. Cela me semblait logique, puisqu'il était plus âgé que moi, et qu'il devait sans doute avoir bien plus d'expériences que la gamine que j'étais. Cependant, je me demandais au bout de combien de temps il y était enfin arrivé. Personnellement, c'était quelque chose que je me forçais à travailler le plus possible, mais je n'y arrivais pas, jamais. C'était incontrôlable. Soudainement, je me rappelai que je ne m'étais pas présentée, et que je ne savais toujours pas qui il était. Mais ce n'était pas tout, tant de questions me venaient au fur et à mesure des secondes, tant de questions que je n'avais jamais osé poser à mon père, disons qu'il avait une vision différente de ce que je possédais, et que je n'avais jamais pu poser à quelqu'un qui pourrait me comprendre, du moins avant aujourd'hui. |||

« Je m'appelle Rachel, et je suis en 7ème année à Serpentard. »

||| Je ne savais pas par où commencer. Et puis, surtout, je ne voulais pas vraiment l'embêter, je ne le connaissais pas après tout. Et pourtant, des milliers de questions commençaient à m'obscurcir l'esprit, mais je me tus, enfin plutôt je réfléchissais à quelle question poser, l'une des plus importantes, mais il y en avait tellement de questions qui m'étaient importantes. |||

« Combien de temps as-tu mis à contrôler la couleur de tes yeux ? J'ai vu tout à l'heure que tu l'as changé comme tu le voulais. » ||| demandais-je, curieuse. |||

||| Ce n'était pas la question la plus importante, mais c'était celle qui m'avait le plus piquée, puisque c'était l'une des choses qui me dérangeait le plus ; le fait de ne pouvoir contrôler la répercussion de mes humeurs sur la couleur de mes yeux. Et puis, il avait du faire quelque chose avant d'être garde-chasse, non ? Est-ce qu'il avait utilisé son don, ou il l'avait complètement mis de côté ? Et tellement , tellement d'autres questions et tellement peu de temps, ou plutôt, comment dire ? Je ne le connaissais pas après tout. La seule chose que je savais de lui est qu'il était comme moi. C'était l'unique chose que je savais. Cela faisait vraiment peu. De plus, il ne savait rien non plus en moi, excepté que j'étais comme lui. Des détails infimes, et pourtant.. Et pourtant, je ne sais quoi, mais je savais que je pouvais compter sur lui, enfin je pensais, puisque je ne voyais pas réellement pourquoi il se préoccuperait de moi après cette soirée. En bref, je crois que je pense trop, vraiment. |||

||| Non il avait raison. J'avais confiance en mes capacités, et même si j'avais peur du noir, une peur que j'arrivais à contrôler, je savais que je ne craignais rien ici, tant que j'avais un minimum de prudence. L'insouciance m'avait quitté et je n'étais pas folle, je savais ce que je faisais en venant ici. Et puis, il est vrai que l'on était bien dans cette clairière. C'était ouvert, calme et vaste. L'eau y passait, ce qui me rassurait. Les arbres autour n'étaient pas si imposants ni aussi ténébreux que les autres qui formaient cette forêt, ils me semblaient plus rassurants et moins dangereux. Je me faisais sans aucun doute de belles illusions, mais je les aimais bien ces allusions, elles ne pouvaient pas faire de mal après tout. |||

« Moi c'est Indianna, Garde-Chasse de Poudlard. »

« Enchantée. » ||| dis-je avec un léger sourire. |||

||| Ainsi, il s'appelait Indianna, et il était bel et bien Garde-Chasse, j'avais raison. Quant au reste, excepté le fait qu'il soit également métamorphomage, j'ignorais tout de lui, de A à Z, alors vous pouvez m'expliquer pourquoi je venais de m'installer face à la lui, la tête pleine de questions, et avec le sentiment que je pouvais lui faire confiance ? C'était un inconnu après tout, et pourtant je n'arrivais plus à le voir comme tel. Il avait réussi à me mettre en confiance en peu de temps et avec peu de mots, chose incroyable que je croyais impossible. Ma confiance se gagnait avec difficulté, et pourtant il avait réussi à en obtenir une infime partie, ce qui m'étonnait. Mais soit, il en était ainsi et je ne m'en rendais pas encore totalement compte. Pour le moment, je voulais simplement avoir des réponses aux questions que je n'avais jamais pu poser, ou que je n'avais jamais osé poser. |||

« J'avais quatorze ans quand j'ai réussis à maîtriser la couleur de mes yeux, pour le reste c'était un peu plus dur. Disons que je le maîtrisais parfaitement à l'âge de vingt ans. »

||| J'hochais la tête avec peu de conviction, ainsi il l'avait maîtrisé à l'adolescence. Quant à moi, j'étais bien loin du compte. Mes yeux exprimèrent mon dépitement tandis que mon visage n'exprimait rien. Je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais pas à maîtriser cette partie de ce don, c'était au-delà de ma compréhension. Et cela m'embêtait incroyablement, plus que n'importe quelle chose. Surtout que, si lui était ce que j'étais et s'il le maîtrisait, il pouvait sans peine décrypter la couleur et comprendre ce que je cachais. Super ! C'était merveilleux, voilà que je pouvais être mise à nue et complètement découverte, wahou ! J'adorais ça. Ou pas. L'ironie mordante dont j'aimais à faire preuve ne m'aidait en rien à contrôler mes sentiments qui se répercutaient toujours sur la couleur de mes yeux. Seule l'obscurité environnante pouvait me protéger, mais la lumière de la lune ne m'aidait pas, et le bocal aidait encore moins. |||

« Je crois que je suis encore bien loin du compte... Je n'arrive à rien, même pas à changer moi-même leur couleur, je n'ai aucun contrôle là-dessus et.. C'est assez embêtant. Enfin, ça peut le devenir. »

||| Oui pour l'instant, ça ne l'était pas vraiment sauf quand j'étais en compagnie de mon frère, de mes meilleures amies qui commençaient à se douter que ce n'était pas du à la lumière et, maintenant, en compagnie d'Indianna, qui forcément pouvait sans aucun problème tout décrypter. La question qui suivit ne me surprit pas le moins du monde, je m'y attendais un peu. Après tout, c'est quelque chose que l'on voulait sans aucun doute savoir. Entre ceux qui avaient eu la chance – ou la malchance – d'être aidé, comme moi, et ceux qui ne l'avaient pas été et qui avaient donc du travailler peut-être pas plus dur, mais qui étaient sans doute plus méritant. Apprendre seul était toujours plus difficile, et le résultat donnait beaucoup de mérite. Mais ceux qui avait été aidés avaient également du mérite. Savoir contrôler un don tel que le notre, il faut du mérite, et pas qu'un peu. |||

« Qui t'as appris a t'en servir ? »

« Mon père. Il possède ce.. Don, et nous l'a passé à mon frère et moi. Il nous a toujours soutenu, mais il nous a.. Comment dire. Forcé à apprendre seul, enfin en quelque sorte. Il nous a laissé découvrir notre don par nous-même au fur et à mesure des années, et une fois que nous avions découvert telle ou telle chose, il nous aidait à le perfectionner. C'est, on va dire grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui. »

||| Je cachais ma légère amertume qui se répercuta une fois de plus sur la couleur de mes yeux. Je n'en voulais pas à mon père d'avoir fait ce qu'il avait fait, mais m'obliger à utiliser mon don encore et encore pour « m'aider » comme il le disait. M'aider, et à quoi ? En plus, il ne m'aidait qu'à maîtriser des choses que je savais déjà. M'aider pour ce que je ne maîtrisais pas ne lui était jamais venu à l'esprit. Non, jamais, et ça ne l'avait même pas effleuré. D'après lui, je devais apprendre seule pour m'endurcir. Lui, il avait juste à attendre que je fasse le plus gros du travail avant de perfectionner ce que j'avais déjà fait, c'était tout. Voilà son travail, la perfection. Comme si cela existait. Et il croyait que c'était grâce à lui ? Juste parce que je maîtrisais parfaitement telle ou telle chose, alors qu'il n'avait fait qu'une partie infime du travail. Mais c'était mon père, et je l'aimais ainsi. Après tout, qu'il se dise que c'était grâce à lui, que je dise que c'était grâce à lui ne changeait rien, tant que je savais la vérité, tant que je savais ce que j'avais fais et que je continuais de faire, bien malgré moi. Mais une promesse est une promesse. |||

«  Et toi, tu as appris tout seul ou tu as également eu la chance d'être aidé ? » ||| A mon tour de poser cette question, parmi tant d'autres, ma curiosité à nouveau réveillée. |||