On a toujours décidé qu'Ariel serait un flan, un vrai de vrai, un flan qui se mange, un flan qui ne se soulève jamais contre les autres. Et Ariel a donc été un flan. Non, ça ne la dérangeait pas, surtout si c'était pour le plaisir de Phoenix.
« Eh, regarde, c'est les Hemingway ! »
On les montre du doigt, et on rigole, ou alors on les regarde avec envie. Oui, lorsque les Hemingway sont quelque part, ils font envie autour d'eux. Ils trouvent qu'Ariel a de jolis cheveux bruns et des belles robes, qu'elle a un air doux et qu'on aimerait bien être son amie. Mais il y a Phoenix, le petit Prince, et on ne s'approche pas de sa sœur, même pas en rêve, alors on l'envie. On l'envie parce qu'il est fort et riche, c'est un vrai Prince. Un sourire dessine les lèvres de Phoenix alors qu'il passe dans le groupe d'enfants, prenant la main d'Ariel dans la sienne. Mais les deux enfants n'ont pas du tout des manières de riche, et chez leur père se sont de vraies tornades. « Viens, on va faire du tourniquet ! »
Alors Ariel suit, et le tourniquet c'est un peu le trône des Hemingway ici. Phoenix prend place dessus, en bon roi qu'il est et surplombe tout le monde en se mettant le plus haut possible. Les enfants les regarde, n'osent pas les approcher, on dit que ce sont des sauvages. Eux ils ont le petit doigt toujours en l'air, ils ne se salissent jamais, alors ils se contentent d'envier les Hemingway. Ce qui ne fait pas rire leur père, oh non. Phoenix et Ariel s'amusent, rentrent plein de boue et il les engueule pendant quelques instants. Surtout Phoenix, comme si c'était toujours de sa faute et qu'Ariel ne faisait rien. C'est triste un peu. Mais les jumeaux s'en fichent, du moment qu'ils sont ensembles.
« Phoenix, fais ''aaaah'' ! » Et Ariel attend que son frère le fasse pour lui coller un énorme bout de chocolat dans la bouche avant de rire un peu, essuyant les larmes de rage de Phoenix. Ca arrive souvent, parce qu'il y a beaucoup de folie chez eux, beaucoup de n'importe quoi, parfois trop. Phoenix qui se fait réprimander par leur père, par exemple, c'est naze. Leur père est gentil et fier des jumeaux que lorsqu'ils jouent au Quidditch avec lui, alors Ariel, en tant que flan parfait, fait tout pour réussir et pour plaire à leur père. Ariel devient vraiment forte à ce sport, peut-être que son père arrêtera de les gronder un peu.

« Bonjour à toi, personne insuffisamment intelligente. » lance Ariel, sans pour autant relever les yeux de son manuel de métamorphose. Le ton est passablement moqueur alors qu'elle relève ses yeux sur la personne face à elle. Un autre Serdaigle, d'un an plus vieux qu'elle, mais qu'elle connaît que trop bien. « Ton frère m'a frappé. » La brune retient un peu son rire et relève son regard vers le Serdaigle, un léger sourire étire ses lèvres. Ce n'est pas vraiment un sourire qui présage quelque chose de bon, en faite. Elle se sert un verre de jus de citrouille avant de relever un peu son regard vers le blond. « Et ? Tu n'as pas besoin de moi pour te défendre, Phoenix a un an et une tête de moins que toi. Mais je ne pense pas que tu sois retardé au point de ne pas l'avoir remarqué... Je me trompe ? » demande-t-elle en relevant son regard turquoise sur le jeune homme avant de porter le verre à ses lèvres. Le jeune homme face à elle ne peut s'empêcher de pousser un grondement sourd avant de se relever d'un coup, les bras tendus sur la table. « Ca veux dire que c'est fini ? » Ariel prend alors une pomme et la glisse de sa main gauche à sa main droite, reportant son attention sur son manuel. « Je crois bien. »
Depuis quand Ariel avait arrêté d'être un flan, ou du moins avait décidé de rejeter ça au plus profond d'elle ? C'est une très bonne question. Un élément déclencheur certainement, une protection. C'est depuis pas longtemps, depuis qu'elle s'est faite avoir bêtement un soir, depuis qu'elle a réalisé que quelque chose n'allait pas chez elle depuis quelques mois. Oh, ce caractère un peu détestable sur les bords, ça fait longtemps qu'elle l'a, quelques années déjà, mais jamais il n'a été accentué à ce point. Jamais elle n'avait un mot de trop pour Phoenix, jamais elle ne le frappait, jamais elle n'était méchante envers lui, pour mieux retomber dans ses bras ensuite. Mais c'est que tout change en ce moment, surtout Ariel, surtout ce qu'il se passe en elle.
En plus du fuque total chez elle, il semblerait que des personnes sans pouvoirs magiques, c'est à dire donc des moldus, envahissent Poudlard puisqu'ils se retrouvent affubler de pouvoirs du jour au lendemain. Quelle douce ironie, et encore le mot est faible. Ariel, dans son dédoublement d'humeur, ne peut supporter ça, et elle ne se gêne pas pour le montrer.