Le soleil régnait seul dans le ciel de Poudlard, et donc certainement de tout le Royaume Uni. Dean avait révisé ses examens seuls sous un arbre dans le parc de l'école. Les révisions étaient pour lui un événement crucial de l'année, puisqu'il se devait d'être le meilleur dans tout ce qu'il entreprenait. Inutile pour lui de réviser avec quelqu'un d'autre, on est seul au sommet comme on dit. Cette journée l'avait bien épuisé, et dans ces moments là il n'aimait qu'une seule chose : retrouver Noreen. Ils avaient d'ailleurs rendez vous dans leur endroit fétiche, là où ils passaient la plupart de leur temps : la salle sur demande. C'était en effet là par le plus grand des hasards qu'ils s'étaient rencontrés, ayant apparemment souhaité la même chose il y a des années de cela. Puisque cela faisait désormais plus d'une année voire plus qu'ils étaient ensemble. Si c'était de l'amour ? C'était difficile à dire. Ce qui avait été un coup de foudre au début, c'était peu à peu transformé en routine, comme dans beaucoup de relations. Evidemment Dean accordait toujours une place considérable dans son coeur pour la jeune femme, mais la flemme n'existait presque plus. Mais il n'arrivait pas à le voir, ou ne voulait pas le voir. C'était peut être la même chose pour elle, mais quoiqu'il en était, ils étaient encore ensemble malgré tout ça, et il voulait arranger les choses, il ne comptait pas la laisser.

Jetant un coup d'oeil à sa montre, il esquissa un sourire, et marcha doucement dans Poudlard, livres en main. Passant devant la maison des Serdaigles, il en profita pour aller ranger ces mêmes ouvrages dans sa chambre. Il en ressortit vêtu de la même manière, c'est à dire dans sa robe de sorcier. Il hâte le pas vers la salle sur demande, et une fois devant ferma les yeux, tout en pointant sa baguette. Il y pénétra ensuite, dans ce paradis, son paradis, leur paradis. Une plage paradisiaque, la mer calme, le sable fin, et le coucher de soleil. Niais à souhait, mais il fallait bien toute la romance du monde pour espérer arranger les choses avec Noreen, bien que Dean ne se rendait pas réellement compte que les choses allaient mal. Quelques secondes après son arriva, la préfet de Gryffondor fit son apparition. Dean se leva et l'accueillit avec un franc sourire. Il s'avança et déposa un bref baiser sur ses lèvres.

« J'ai presque faillit attendre. »

Il glissa cette phrase avec un fin sourire, et évidemment avec un ton humoristique. Il n'avait pas attendu longtemps et elle devait s'en douter, puisqu'elle était à l'heure, comme d'habitue. Elle était réglée comme une montre, si prévisible. Un peu comme lui. C'était peut être tout ça qui les avait mené à cette routine destructive.

Au fond, je crois bien qu’il m’avait sauvé. Lui, Dean. Je souffrais, à l’époque où nous nous sommes rapprochés. Incapable de comprendre la brutale rupture, provoqué par Norah, j’errais seule. J’avais besoin de soutien, de quelqu’un, et Dean était arrivé. Au début, je ne me sentais pas vraiment attirée par lui. D’ailleurs, il n’était pas vraiment le type de garçon que j’appréciais. Pourtant, il avait su me charmer. Par ses mots, ses gestes. Peut-être était-il celui qu’il me fallait, au fond ? Mon sauveur. Et puis, très vite, mon amoureux. Je ne saurais dire aujourd’hui si je l’ai réellement aimé, à un moment ou à un autre. Le sentiment qui nous liait était sans doute plus liée à de l’attachement. Mais, je l’aimais. A ma façon. Sans être amoureuse, je l’aimais de toutes mes forces. Alors que j’aurais voulu le garder près de moi pour l’éternité, je sentais que notre histoire touchait à sa fin. Ni lui ni moi ne voulait se l’avouer, mais c’était évident. Impossible de fermer les yeux sur ça. Cela faisait trop longtemps que nous nous mentions. Mais je savais que je ne pourrais pas vivre sans lui. Ce serait trop difficile de le laisser partir définitivement. Alors, quitte à le garder encore un peu, je préférais faire semblant que de me laisser me faire abandonner, encore une fois.

Il semble que parfois, on se retrouve à des milliers de kilomètres de l’endroit où nous voudrions réellement être. Mais, la magie de la salle sur demande nous permettait de rêver aux endroits les plus merveilleux et de les obtenir, rien qu’en fermant les yeux. C’est ce qu’on appelle le bonheur. Obtenir un bonheur inaccessible en un rien de temps. C’est peut-être pour cela que j’aimais passer autant de temps dans cet endroit. C’était surtout là où nous passions la plupart de notre temps, ensemble. Notre coin secret, là où personne ne pourrait nous déranger. Nous avons passé des soirées, des nuits entières, les pieds dans l’eau, les mains dans le sable. Aujourd’hui, comme de nombreuses fois par semaine, nous nous étions donnés rendez-vous. J’étais impatiente. Ce sentiment ne changeait jamais. Même si une forme de routine s’était installée entre nous, j’étais toujours heureuse de retrouver mon petit-ami. Avant de quitter la salle commune des Gryffondors, je jette un dernier regard dans le miroir. Il ne faudrait pas apparaître négligé devant lui. Je sors, satisfaite, avant de me diriger, en vitesse, vers la salle sur demande. Il suffit de se concentrer pour obtenir ce que l’on veut. Désormais, au bout d’un an et demi, je n’ai plus qu’à penser à Dean et la salle sur demande saura ce qu’elle doit me donner. Dean est déjà là, évidemment. Il se lève vers moi, m’embrasse doucement et me signale qu’il a failli entendre. Je reconnais l’humour dans sa voix, et je souris avant de poser ma main sur sa joue. « Vous m’avez manqué, monsieur Grey. » Je dépose un doux baiser sur son nez avant d’aller m’assoir au bord de l’eau. Le soleil se couchait, au fond. C’est drôle ce que la magie est capable de créer. Alors que nous sommes enfermés dan une pièce minuscule, on se croirait perdu dans une grande île déserte. La moldue qui est en moi n’arrivera jamais à comprendre ce phénomène. Dean s’assoit à mes côtés. D’un geste tendre et habituel, j’attrape sa main que je serre dans la mienne, et pose ma tête sur son épaule. « Alors, ta journée s’est bien passée ? » Nous ne nous étions pas croisés, aujourd’hui. Nous n’avions pas eu de cours en commun et ma pause-déjeuner commença quand la sienne se terminait. Mais nous avions l’habitude. C’était l’inconvénient, et parfois l’avantage, de ne pas être dans la même maison. Je soupire doucement. En réalité, tous nos rendez-vous se ressemblent. Je me demande parfois comment nous sommes arrivés à cette routine. Pourtant, rien ne nous prédestinait à finir comme ça. Nous étions heureux, au début. Mais il semble que l’école ait pris le dessus sur notre relation, à nos dépends. Je le regrettai désormais, mais j’avais le triste sentiment que nous ne pouvions plus rien faire pour revenir en arrière.

Être dans une situation comme la leur, ce n'était pas de tout repos. Bien que consciemment tout était parfait, presque trop d'ailleurs, inconsciemment c'était un désastre. Mais il y avait une évidence, désormais il ne pouvait pas vivre sans elle, et il pouvait affirmer sans prétention aucune que c'était la même chose pour elle. Mais peut être qu'ils n'était pas faits pour être semble, qu'ils étaient faits pour être de simples amis. Dean n'en était pas convaincu. Il avait toujours eu cette attirance physique pour la jeune femme, qui il fallait l'avouer, avait non seulement un corps parfait, mais le visage d'un ange. Peut être la plus jolie fille de Poudlard. Pas forcément la plus attractive, provocante et sexy, mais la plus jolie, et c'est ce qui avait plu à Dean. Cette espèce de fausse timidité, la rendait finalement encore plus charmante, et elle en avait conscience, peut être même qu'elle en jouait. En fait c'était sur, elle en jouait. Au fond de lui il savait qu'ils dureraient plus très longtemps comme ça, mais il repoussait cette échéance au plus loin. Etrangement, il était bien sans elle, mais il était encore mieux avec elle. Comprenez ça comme ça : lorsqu'il ne la voyait pas ou qu'il n'avait pas de nouvelles il pouvait survivre, et arrivait même à penser à d'autres filles, mais lorsqu'ils étaient ensemble c'était différent c'était comme si aucun problème n'existait. C'était en coup comme ça de son côté, peut être était-ce différent pour elle. Et pour l'instant s'ils étaient encore ensemble c'était bel et bien parce qu'il restait une zone de perfection, le mot d'ordre de leur relation.

Elle esquissa un sourire magnifique à sa petite blague. Elle était ravissante lorsqu'elle souriait. Elle déposa sa main sur la joue du jeune homme le caressant quelque peu, lui faisant preuve d'affection. Chose normal pour un couple ensemble depuis désormais de longs mois. « Vous m’avez manqué, monsieur Grey. » Il ne répondit pas, et sourit de plus belles, se saisissants lors des mains de la jeune femme, pour à son tour lui faire preuve de son affection. Il avait beau avoir énormément de qualités, l'expansivité n'en était pas une, et il peinait à montrer aux gens qu'il tenait, toute l'affection qu'il leur portait. De ce fait il disait très peu à Noreen qu'il l'aimait, et préférait le lui montrer. Elle embrassa brièvement son nez, d'un geste mignon, puis alla s'allonger sur le sable, l'invitant à la rejoindre. Ce qu'il ne tarda évidemment pas à faire. Il s'assit non loin d'elle, les yeux rivés sur la mer si bleue. Pratique cette salle sur demande, vraiment. Elle se saisit alors de sa main, et il tourna la tête vers elle pour lui sourire de nouveau et appliquant une étreinte dans sa main. « Alors, ta journée s’est bien passée ? » Des discussions typiques pour un couple qui se voyait pas. En effet bien qu'ils se réservaient des moments intimes comme celui ci, Noreen et Dean peinaient à se voir autant, surtout avec les examens qui approchaient. Il répondit donc dans un léger soupire : « Comme toutes les autres dernièrement, réellement studieuse, et peu amusante. Enfin on peut dire que je suis fin prêt pour quitter Poudlard. » Il fixa la jeune femme et aborda un sujet dangereux, involontairement. « Ça sera bizarre...nous deux, à la fin de Poudlard, non? » Il regretta ses paroles dés le moment où il les avait prononcés, mais trop tard.

L’effusion des sentiments n’avait jamais été notre fort. Très vite, nous avions pris l’habitude de garder ce que nous ressentions pour nous. Les gestes étaient sans doute plus facilement pour s’exprimer. Un doux baiser pour montrer que l’on s’aimait, un baiser pour langoureux quand nous avions envie l’un de l’autre, un froncement de nez ou de sourcils quand nous n’étions pas d’accord, un sourire en coin quand nous nous plaisions. Certains couples parlent, énormément. Nous, cela n’avait jamais été notre cas. Nous préférions garder les choses, même si elles nous frustraient, enfouies dans notre cœur, dans notre âme. Peut-être était-ce le manque de communication qui était la cause de notre éloignement ? Si j’avais su lui dire que je l’aimais, sans pour autant être amoureuse de lui, du moins pas autant que j’avais pu l’être de Norah ; si j’avais su lui demander un peu plus d’attention, peut-être que nous serions pleinement heureux maintenant ? Mais ni lui ni moi n’osait s’avouer nos fautes, nos erreurs. On préférait les chasser, les oublier, sauf qu’en réalité, nous n’oublions jamais. Cette distance entre nous était assez étrange pour moi. Je n’ai jamais été réellement du genre à cacher ce que je ressentais, à ne pas mettre de mots sur mes sentiments. Dean était plus réservé, lui. Alors, je m’étais habituée pour lui, sûrement, pour ne pas le gêner à force de déclarations trop enflammées. Mais j’avoue que, parfois, j’aurais aimé qu’il me serre un peu dans ses bras et me murmure des mots gentils, attentionnés. Rien que pour me sentir estimée, peut-être. J’avais grandi dans un environnement où il était habituel de se dire « je t’aime » tous les matins. Cela avait dû être différent chez Dean. Mais je m’y étais faite. J’avais appris à ne plus attendre ce genre de mots de sa part. Et, au fond, ce n’était pas pour ça que je l’aimais moins. Au contraire, n’aurais-je pas été gêné s’il me balançait des mots d’amour à longueur de journées, alors que j’aurais été capable de lui répondre, puisque je ne ressentais pas la même chose ?

« Comme toutes les autres dernièrement, réellement studieuse, et peu amusante. Enfin on peut dire que je suis fin prêt pour quitter Poudlard. » Le son de sa voix me sort de ses pensée. Je me tourne vers lui et lui adresse un petit sourire. « Je ne sais pas si je suis prête. Poudlard va me manquer. » Je soupire. L’école était ma deuxième maison. J’adorais la vie avec mes parents, mais c’était tellement différent. Deux mondes opposés. Là-bas, même si mes parents étaient fiers que je sois une sorcière, je ne pouvais évoquer le souvenir de mon année à personne. Les voisins pensaient que j’étudiais à l’étranger. J’aurais voulu, pourtant, parler, montrer de quoi j’étais capable mais cela était impossible. J’aurais aimé un monde où les moldus connaissaient la vérité sur nous. Enfin, peut-être qu’avec l’affaire Fizwizbiz, ce serait le cas. « Je pense que je pourrais passer ma vie ici. » Je me mords la lèvre. N’était-ce pas l’un de mes nombreux rêves ? Devenir professeur de sortilèges à Poudlard. Ainsi, jamais je ne quitterais l’endroit qui avait fait de moi une sorcière, qui m’avait promis à un destin extraordinaire. Dean reprend la parole. Je me tourne vers lui, surprise. Je vois le regret dans ses yeux, sur son visage, mais je continue à sourire. Je hausse les épaules. « Tu pourras venir me voir, cet été, si tu veux. » Je baisse les yeux. En réalité, nous n’avons jamais vécu l’un avec l’autre en dehors de Poudlard. Les choses pourraient être bien différentes à l’extérieur, j’en étais consciente. Soudain, une pensée me frappe et me glace le sang. Je relève les yeux vers mon petit-ami. « Tu ne veux tout de même pas qu’on habite ensemble, si ? » Je soupire. Je n’aurais pas dû présenter les choses ainsi, comme si ce serait une épreuve pour moi. Mais je n’étais pas prête à vivre avec quelqu’un, même avec Dean. Pire, je n’étais pas certaine d’en avoir envie.