I don't know why, but I scares you [ Gab&Sasha ]

I don't know why, but I scares you

Il y avait du vent. Des enfants courraient dans tout les sens, le soleil brillait, les oiseaux gazouillaient. Mon frère se tenait debout devant moi, un grand sourire aux lèvres. Puis soudain, le vent retomba et tout se stoppa net. Le visage de mon frère commença peu à peu à se transformer. Il avait maintenant un corps d'adolescent et une tête de nourrisson. J'avais envie de hurler, mais je ne contrôlais plus aucun muscle de mon corps, j'étais obligée de rester plantée là à le regarder. Du sang se mit à couler petit à petit, de tout son corps. En même temps, il coulait sur mes mains. Mes jambes ne répondaient plus, je voulais partir.

Je me réveillais dans un cri de terreur. J'étais en sueur. Affolée, je regardais mes mains. Aucune trace de sang, c'était bel et bien un rêve. Bonjour, il est deux heures du matin, je viens de me réveiller à la suite d'un cauchemar et je ne pourrais pas me rendormir. La journée commençait vraiment super bien ! Je laissais donc retomber ma tête sur l'oreiller et fixais le plafond. Les filles devaient être habituées aux cris que je poussais durant mon sommeil, car elles ne réagissaient plus. Ce qui n'était pas plus mal au final car ça m'évitait les questions du genre « Qu'est-ce qui se passe ? T'as fait un cauchemar ? » Et les petits ricanements. Nan nan, j'ai rêvé que je chevauchais un petit poney, que des Bisounours dansaient autour de moi, et qu'on était chez les Barbapapas. Quand enfin les rayons de soleil percèrent les rideaux de la chambre, je me levais et me précipitais dans la salle de bain. Je prenais une bonne douche qui me remit les idées en place même si mon esprit tournait au ralenti à cause de la fatigue. Après ma douche, j'enfilais ma robe et descendit dans la Grande Salle. Je m'assit en face de Mischa. Je n'avais pas très faim, mais je me forçais quand même. Plus loin, je vis Viktor avec une fille. Une boule se serra dans ma gorge et je sortis de la salle après avoir mangé une brioche. Brioche qui ne resta pas beaucoup dans mon estomac puisque à peine sortie de la salle, je me dirigeais vers les toilettes. Je vérifiais que j'étais bien seule, et me penchais au dessus de la cuvette. Je finis par sortir des toilettes quelques minutes après y être entré. J'espérais que personne ne m'avait vu.

Quand une journée commence mal, surtout à deux heures du matin, elle se finit en général mal aussi. Je ne faisais pas exception à la règle. La sonnerie retentit, et les cours tous plus ennuyant les uns que les autres commencèrent. Le prof de défense me colla parce que j'avais sois disant, "avoir intentionnellement fait louper le sort de mon voisin " Oui. Ok, je l'avais fait, mais ça avait été marrant. Je l'avais légèrement poussé du coude et sa baguette lui avait glissé des mains, lançant le sort non pas sur l'araignée se trouvant sur la table, mais sur la fille devant nous. Tout le monde avait rit, tout le monde sauf le prof, le lanceur du sort, et la victime. Pendant mon cours de potion, je loupais totalement le devoir, alors que j'aimais cette matière et que je me débrouillais vraiment bien dedans. Au fur et à mesure que la journée avançait, les catastrophes s'accumulaient. En fin d'après-midi, je croisais Vik. Je le fusillais du regard et une mini fausse dispute s'embrasa. J'avais mal à chaque mot que je prononçais à son égard. Mais je ne pouvais rien laissé transparaitre.

S'est en traînant des pieds que je descendis dans les souterrains. Je m'arrêtais devant le mur nu et dit le mot de passe à voix haute. Le mur s'ouvrit, laissant apparaître un trou de la largeur d'une porte. J'étais crevée et sur les nerfs. J'avais besoin de me détendre. J'arrivais dans la salle commune presque désertique. La plupart des verts et argents devaient être dehors vu le magnifique soleil qui rayonnait. Je vis juste Gabriel, le meilleur ami de Viktor, assis dans le canapé. Je me laissais tomber lascivement sur le fauteuil en face de lui. Mon sac glissa sur le sol. Je poussais un petit soupir de paresse. J'avais des devoirs à rendre pour demain, mais je ne les ferrais pas. Je n'avais pas vraiment la tête à ça. A la place, je me repassais ma confrontation précédente avec Viktor, et puis ce matin quand je l'avais vu très proche d'une autre fille. Je n'avais rien à dire, nous n'étions pas un couple. Nous n'étions qu'amis. Au fond de moi, je savais que je mourrais d'envie d'être à la place de cette fille. Je fixais Gab. Il était plutôt beau garçon. Pile ce qu'il me fallait pour me distraire. J'engageais donc la conversation sur un ton détaché.

« Ça c'est bien passé ta journée ? »

Spoiler:

Ce n’était pas la joie depuis l’arrivée de Gabriel à Poudlard. Viktor avait été envoyé dans une autre maison que lui, ce qui n’arrangeait pas son cas. Il ne pouvait plus compter sur lui pour le protéger à chaque fois qu’on lui cherchait des noises. Et dans sa maison, c’était monnaie courante chez les serpentards. C’était bien la pire maison dans laquelle il pouvait tomber. Les garçons dans cette maison étaient pour la plupart des sorciers de sang pur, complètement hautain et au combien arrogant. La simple vue du garçon fragile que Gabriel était provoquait chez eux, une envie incroyable de le martyriser. Il était devenu en très peu de temps, leur souffre douleur. Va que je te fais léviter la tête en bas et que je te laisse t’écraser sur le sol, va que je te vol ta guitare pour l’exploser par terre, va que je te mets de la mousse à raser dans tes chaussures, va que j’asperge ton lit de shampoing, va que je te frappe sans raison… Les plus belles humiliations étaient de loin celles subit dans les douches. Gabriel ne se sentait jamais aussi vulnérable que lorsqu’il était nu et les serpentards mâle l’avaient bien compris. Va que je te bouscule dans la douche pour que tu t’écrase sur le carrelage, va que je te vole tes affaires, va que je t’arrache ta serviette autour de la taille pour découvrir ton sexe, va que je te balance un saut d’eau glacé par dessus la porte… Il en avait vu de toutes les couleurs depuis son entrée dans l’école. Par chance, il avait également trouvé quelques protectrices dans la maison. Sasha, Mischa et Rachelle. Trois filles. Il faut dire qu’avec Gabriel, elles n’avaient rien à craindre, il n’en voudrait pas à leur corps et n’aurait pas les idées mal placées. Handicapé des sentiments comme il l’était, il pouvait avoir autant d’amies féminines qu’il le voulait. L’ennui, c’est que les filles n’avaient rien à faire dans les mêmes douches que les garçons.

C’était la raison pour laquelle, en cette fin d’après-midi ensoleillée, à l’heure où les autres profite encore des derniers rayon chaleureux du soleil, Gabriel se trouvait seul dans la salle commune, son casque Marshall sur les oreilles, relié à son mp3, écoutant de la musique. Il se moquait bien qu’il fasse beau à l’extérieur, ici aucune lumière naturelle ne pouvait percer, la salle commune se trouvant dans les cachots du château, et pourtant il se sentait parfaitement bien, comme s’il respirait mieux qu’en étant dehors. La musique avait toujours eu un effet apaisant sur lui mais dans le cas présent, c’était surtout l’absence de qui que ce soit qui provoquait chez lui cette béatitude. Il n’avait cependant pas mis le son très fort comme il avait l’habitude de le faire car il ne voulait pas prendre le risque de ne pas entendre une intrusion dans la salle commune. Qui sait qui pouvait entrer pendant qu’il serait comme coupé du monde, paupières fermées et isolé par la musique.
Lorsqu’il entendit le tableau coulisser, il ôta son casque, le laissant reposer autour de son cou sur ses épaules et tourna la tête vers la porte de la salle commune. Il fut rassuré lorsqu’il vit Sasha entrer. Il l’observa s’installer dans le fauteuil en face de lui. Il l’observa sans dire un mot et sourit légèrement à sa mine fatiguée. Elle entama alors la conversation.

« Euh.. Ca va, j’ai eu cours, ca s’est bien passé, et je suis venu ici après les cours pour me reposer avec un peu de musique. Et toi ? » Fit-il en passant ses mains sur son visage, frottant doucement. Ses mains finirent leur chemin dans sa nuque après s'être enfouis dans ses cheveux. A voir la mine de la jeune fille, elle devait s'être encore une fois disputé avec son meilleur ami, qui n'était autre que le meilleur ami de Gabriel également. C'était si récurrent entre eux. *Les seuls qui ne savent pas que Vik aime Sasha, ce sont Vik et Sasha*, pensait-il souvent en les regardant se bouffer le nez pour des jalousies mal assumées.

Gabriel était seul dans la salle commune des verts. Avant que j'arrive, il semblait écouter de la musique tranquillement. Du moins, autant qu'il puisse être tranquille. Les Serpentards lui en faisaient voir de toutes les couleurs. Je sentis qu'il m'observait alors que je m'asseyais en face de lui. Je lui demandais gentiment comment c'était passé sa journée. Apparemment ça journée s'était bien passée. J'étais contente pour lui. Je savais qu'il vivait un enfer loin de Vik. Il était son meilleur ami, je le comprenais. Pour moi aussi, s'était difficile, mais je pourrais survivre. Je ne pensais pas que ce soit le cas de Gab. J'avais toujours su qu'il avait un problème, mais je n'avais jamais posé de questions. C'était son intimité, et il n'avais sûrement pas envie d'étaler ses problèmes à tout le monde. Il me retourna la question, et je lui répondis d'une grimace avant de poursuivre amèrement. « Mal dormi, collée par la prof de sortilège et puis... Vik. Je n'aime pas devoir faire semblant de le détester. Alors en résumé, ouais, j'ai passé une mauvaise journée. »

La salle avait beau être déserte, elle n'en restait pas moins lugubre. Toujours cet éclairage verdâtre. Aucune lumière naturelle car la salle commune se trouvait sous le lac. Ou alors, c'était moi qui avait une vision lugubre des choses, ce qui me paraissait plus plausible. Depuis cet incident avec mon père, je n'arrivais plus à faire ressortir mon côté optimiste. Il n'y avait que très peu de personne qui me voyait habituellement comme ça. Mischa, Rachelle, Gabriel et Viktor. Je forçais mon visage a ne pas grimacer ou montrer un quelconque signe d'anxiété. Mes pensées dérivaient souvent vers mon meilleur ami. Il y avait des jours où il me suffisais de ne le croiser qu'une seule fois pour que je pense à lui toute la journée. Je me ressassais de vieux souvenir de quand nous étions jeunes et que la vie était tellement plus simple. Je poussais un gros soupir autant pour chasser ses pensées de ma tête que pour tenter d'évacuer la tension accumuler depuis ce matin. Je savais très bien qu'à ce moment, seul un garçon pourrait me détendre, or, il n'y avait que Gabriel dans la salle. Justement, Gabriel était un beau garçon, mais s'était le meilleur ami de Viktor. Je ne pouvais décemment pas lui faire ça non ? Il fallait croire que la part consciente de mon esprit s'était détachée du reste de mon corps. Ou en tout cas, qu'elle n'avait plus aucune emprise sur mes décisions. Je me levais, m'étirant lentement, et allais m'assoir près du jeune homme. Ma conscience avait beau me mettre en garde et me dire que j'allais le regretter, seul mon corps était au commande. Et je savais que j'allais le regretter. Je me penchais légèrement et attrapais le baladeur du jeune serpentard.

« T'écoute quoi comme style de musique ? »

Je montais le mp3 à la hauteur de mon visage et fixait le nom des chansons que je faisais défiler. Quelques unes m'étaient familière, mais il y en avait beaucoup que je ne connaissais pas. Je lui rendis son baladeur un sourire aux lèvres. Mes yeux s'étaient attardés sur son visage. Son regard avait toujours été insondable, ou bien, n'avais-je pas réellement voulu le sonder. Je ne comprenais pas pourquoi il ne se défendait pas contre tout les élèves qui l'insultaient ou le frappaient car avec le physique dont il était doté, j'étais presque sûre qu'il pouvait se défendre. Perdu dans mes pensées, mon corps pris une fois de plus les commandes. Lentement, un de mes doigts vint glisser contre son bras, effleurant la peau de Gabriel à chaque passage.

Spoiler:

Bingo ! Gabriel avait encore eu tout les numéros et dans le bon ordre. Car si Sasha expliquait sa mauvaise journée en mettant en dernier lieu sa dispute avec Viktor, Gabriel était persuadé que celle-ci figurait en réalité en tête de la liste des choses désagréables de cette journée. Le mettre en dernier, c’était comme nier que c’était véritablement important. Gabriel n’insista pas. Il n’était pas le mieux placé pour parler de ça avec Sasha. Il aurait l’impression de trahir son meilleur ami Viktor s’il venait à faire des confidences à Sasha ou à lui intimer l’idée que Vik puisse tenir à elle plus qu’il ne l’admettait. C’était à Vik de faire ce pas là. Ou encore à Sasha. Mais à en croire le caractère de ces deux là, c’était pas demain la veille… il faudrait pour cela qu’ils ravalent leur orgueil mal placé et qu’ils prennent leur courage à deux mains. Et le courage n’était pas la plus grosse épine dans leur pied.
Gabriel préféra ne pas relever et adressa un sourire tendre à Sasha. Elle pouvait se reposer ici si elle le souhaitait, il ne l’embêterait pas et ne ferait pas de bruit. Il était de ceux qui se font volontairement discret à Poudlard et sa présence, quand bien même serait-elle remarquée, avait l’avantage de ne pas déranger. Lorsque la jeune fille se leva et vint dans sa direction, il la suivit du regard, levant les yeux vers elle debout, se demandant ce qu’elle faisait. Lorsqu’il comprit la manœuvre, il se décala légèrement pour faire plus de place à la jeune fille. Non pas qu’elle ait véritablement besoin de place, elle était tout sauf ronde. Mais lui n’aimait pas trop l’idée d’être au plus près de quelqu’un. Il s’assit correctement et fixa ses mains devant lui tenant son baladeur. Elle était vraiment près maintenant et il n’osait même pas se tourner vers elle de peur que leurs regards ne se croisent de trop près. Il fut surpris et eu un léger mouvement de recul lorsque les mains de Sasha vinrent vers les siennes. Il ne comprit encore pas immédiatement ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle lui prit son baladeur et il ôta ses mains pour le lui laisser, un peu gêné. Elle observa quelques temps les musiques après lui avoir demandé ce qu’il écoutait.

« oh.. pop rock en majorité, et musiques de films, j’aime bien les musiques de film... Je revois les images en les écoutant. » Répondit-il tandis qu’elle inspectait son répertoire tranquillement. Le regard de Gabriel, qui s’était aventuré sur le visage de Sasha tandis qu’elle regardait l’écran du baladeur, revint rapidement se poser sur ses mains, cherchant quoi faire maintenant qu’elles n’avaient plus de baladeur à tenir.

Sasha lui rendit son baladeur et il lui sourit comme pour la remercier silencieusement. Il fut alors happé par son regard azur et resta quelques secondes planté là, à lui rendre un regard qu’il sentait pourtant bizarre. Qu’essayait-elle de faire ? De le comprendre ? Il n’était pas coutumier de ce genre de regard en tout cas. Il n’y comprenait rien du tout. Il finit par baisser la tête de nouveau, cherchant un point d’ancrage autre que le visage de Sasha. Il frissonna lorsque la main de la jeune fille vint effleurer son avant bras. Sa respiration se bloqua doucement et il la retint tandis que les effleurements ne voulaient cesser. Mal à l’aise, il déglutit difficilement et se tourna un court instant vers Sasha comme s’il pouvait comprendre quelque chose en la regardant. Comme s’il allait trouver la réponse dans ses yeux. Il tenta vainement de se donner bonne conscience en occupant ses mains, esquivant ainsi la suite des caresses. Ses mains se posèrent sur son casque jusqu’alors posé sur ses épaules autour de son cou et l’ôta pour poser son baladeur sur la petite table devant lui. Il était complètement perdu. C’était bien la première fois qu’il espérait que quelqu’un entre rapidement dans la salle. Sans compter qu’il avait beau être un garçon particulier avec un passé particulier, il n’en était pas moins un garçon et que trop de caresse risquait de trahir son désir. C’était interdit... Il n’avait même pas le droit d’imaginer désirer Sasha, elle serait le fruit défendu, à jamais, pour Viktor.

Il se redressa et posa ses coudes sur ses genoux, regardant droit devant lui. Il ne tremblait pas encore, c’était déjà ça de gagné. Sasha n’était pas au courant pour son passé. Il ne souhaitait pas qu’elle le soit.

Je me levais pour venir m'assoir à côté de lui, il se décala pour me laisser plus de place alors même qu'il n'en avait pas besoin. Je ne relevais pas. Il semblait tendu par ma présence, j'avais l'impression de l'importuner. Quand je tendis mon bras pour attraper son baladeur, je le vis reculer légèrement. Avait-il peur de moi ? Peur que je le frappe ? Ce serait bien la première fois, du moins, je n'avais pas le souvenir qu'il soit aussi tendu en ma présence. Je laissais mes yeux lire les titres inconnus que contenait le baladeur de Gabriel. Il m'expliqua qu'il aimait écouter les musiques de films, ça lui remémorait les images. Je finis par lui rendre son baladeur en souriant. Je n'avais jamais pensé que Gabriel puisse être aussi nostalgique de son passé. Enfin, pas forcément de son passé, mais des films qu'il a vu, qu'il a aimé et dont il veut se souvenir.

Ma main glissa le long de son bras, effleurant sa peau du bout des doigts. Je le sentis frissonner sous mes caresses, se tendre sous mes doigts. Je l'entendis déglutir péniblement, mais je n'arrêtais pas pour autant. Il semblait être en grande détresse et pourtant, je fixais ma main qui descendait puis remontait le long de son bras. J'étais plongée dans une sorte de transe hypnotique, mes pupilles suivaient le rythme de mes doigts. Il retira ses mains et rompit l'état hypnotique dans lequel je m'étais plongée. Je relevais doucement la tête, juste à temps pour le voir poser ses mains sur le casque qu'il portait au cou et l'enlever. Il déposa alors son baladeur sur la table. Je sentais que ce n'était qu'un prétexte pour s'esquiver à mes caresses, mais je n'arrivais pas à me dire que Gabriel n'aimait pas ça. Tout les garçons auxquels j'avais déjà fait ça n'avaient jamais retirés leurs bras. J'avoue que j'étais vexée. Seul une infime parti de ma conscience restait lucide, et cette part de lucidité voulait que je m'en tienne à cela, que je m'excuse et que je retourne dans mon fauteuil, voir que je monte dans mon dortoir. Loupé pour le moment d'intelligence. Je n'avais absolument pas l'intention de partir ni même de le laisser tranquille. Au fond, je me dégoutais. J'étais en train de profiter d'un garçon plus faible que les autres a des fins malsaines. Je n'étais qu'un monstre écoeurant. Pour la première fois, je me voyais tel que d'autres élèves pouvaient me voir. Une fille sans aucun coeur, sans aucune âme qui fait souffrir les autres.

Gabriel s'était redressé légèrement, appuyant ses coudes sur ses genoux et fixant le mur devant lui. Il semblait que je l'avais perturbé. J'affichais un petit sourire. Si je l'avais perturbé s'était qu'il n'était pas insensible à mon charme non ? Je pivotais pour que mon visage se retrouve tout près du sien. Je lève doucement la main et la pose sur son épaule musclée. Je la laissais là quelques instants, plus pour voir s'il me repoussait qu'autre chose. Oh et puis zut ! Autant allez jusqu'au bout. Ma part de lucidité n'avait pas abandonné, elle voulait toujours me raisonner, mais elle n'y arrivait pas. Je glissais mes lèvres sur sa joue pour y déposer lentement un baiser. Je retenais son visage d'une main glisser sous son menton. Je fis pivoter sa tête pour pouvoir le regarder correctement. Un grand sourire éclairait mon visage. « Je suis sûre que t'aimes ça non ? » Dis-je en plaisantant. Viktor allait sans doute me tuer.

Le jeune homme ne savait plus du tout où se mettre. La situation devenait ingérable, de plus en plus oppressante, flippante même. Le contact physique que lui imposait Sasha était pour lui insoutenable. Non pas qu’elle ne sois pas jolie ou même attirante. N’importe quel type normalement constitué aurait déjà compris le message et aurait pris des initiatives. Gabriel restait pétrifié à l’idée qu’il ne sorte pas indemne de ce duel. C’était comme si chaque effleurement l’électrifiait, lui brûlait la peau. Son cœur n’avait de cesse d’accélérer le rythme de ses battements et le jeune homme manquerait bien vite d’oxygène à cette allure. Une jeune femme le touchait, de façon plus que suggestive, même lui, pas habitué à ce genre de chose, avait compris le message. L’ennui c’est qu’il était bien incapable d’y répondre. Parce qu’il était lui, un ptit gars violé dans son enfance, dans son intimité, brisé à jamais. Parce qu’elle était elle, Sasha, la meilleure amie de Viktor, celle que Viktor désirait en secret, celle pour qui il était fait de toute évidence. Il ne pouvait faire cela à son meilleur ami. Il ne pouvait de toute façon faire cela avec personne.
La jeune femme continuait, ignorant la détresse du jeune homme. Ne voyait-elle pas qu’il agonisait là sous ses caresses tandis qu’il aurait dû exulter de désir ? Ne voyait-elle pas qu’elle rouvrait, lentement, cruellement, une blessure, profondément enfouie et à peine refermée, à vif ?

Il s’était redressé, esquivé. Il savait si bien le faire d’ordinaire, mais ici, dans cette salle commune, il n’avait nulle part où aller vraiment. Il était comme pris au piège, sous l’emprise de sa peur la plus vivace, la plus indomptable. Son corps se mit à trembler légèrement lorsqu’il sentit la main de la jeune femme se poser sur son épaule. Il jeta un regard en coin à cette main sur son épaule. Brûlant. Il était un homme. Son corps réagissait aux caresses, aux attentions comme n’importe quel corps d’homme. Sa température venait de faire un bond vers le haut et une sensation pas si inconnue que cela lui prenait le bas ventre. Il était un homme, il le savait. Un homme qui ne peut pas aller plus loin, un homme qui ne peut pas faire quoi que ce soit de physique avec une femme mais un homme dont le corps réagit normalement, si ce n’est qu’en plus de cela la peur le fait frémir. Sasha était proche, trop proche. Il se contrôlait autant que possible pour ne pas avoir de réflexe brutal. Lorsqu’il sentit les lèvres de la jeune femme sur sa joue puis au coin de ses lèvres, il ferma les yeux, assailli de flash tous plus affreux les uns que les autres et son visage se laissa attiré vers celui de Sasha, peau contre peau.
Elle l’avait embrassé, comment osait-elle… Ce qu’elle lui dit lui fit l’effet d’un électrochoc. Il avait déjà entendu ça. Il avait déjà entendu ça. C’était une phrase source de colère, de souffrance pour lui. Son expression se figea tandis que le sourire qu’affichait la jeune femme n’avait plus rien d’accueillant. Il voyait la perversion dedans, aveuglé par son traumatisme. Il se leva brusquement et fit quelques pas pour s’éloigner sans un mot. Il ne pouvait décemment pas la planter ainsi. Il se retourna un court instant, la fixant en cherchant ses mots. Son corps était en transe, animé par un désir qu’il se devait de refouler et par une peur qui depuis toujours le dominait.

« Je… » Rien d’autre ne sortit et il s’enfuit de la salle commune pour rejoindre le dortoir des garçons.

Je sentais le corps de Gabriel trembler sous mes doigts, pourtant, il semblait pétrifier. Ma main était posée sur son épaule, il ne me regardait pas, ne me parlait pas, mais son corps réagissait par lui même. On ne peut pas contrôler son corps. Je pouvais sentir qu'il était tout sauf à l'aise en cet instant. J'aurais pu lui éviter toutes ces souffrances, j'aurais pu me servir pour une fois de mon cerveau avant d'agir, de faire des choses que je regretterais. J'aurais pu tout simplement, enlever ma main et partir loin, très loin. Mais qu'est-ce que la simplicité, une forme de faiblesse ? J'étais tout sauf faible ! Je n'étais plus faible, la faiblesse vous tirait par les chevilles, vous entraînait dans des méandres obscures, vous faisait mourir à petit feu. La faiblesse était pour les gens naïfs et innocents. Je n'étais plus cette personne, depuis longtemps. La faiblesse avait quitté mon corps, ouvrant mes petits yeux innocents, le jour où j'ai trouvé mon père et sa secrétaire ensemble. Quand mes lèvres se posèrent avec douceur sur sa joue, je le vis fermer les yeux. Je pensais que c'était bon signe, qu'il appréciait enfin le contact de mes lèvres sur sa peau, qu'il se laissait aller, mais je le sentais toujours autant crispé, si ce n'est plus encore que tout à l'heure. Je sentais son pouls accélérer considérablement. J'avais l'impression qu'il était en état de choc et d'angoisse intense. Mais merde alors ?! Pourquoi n'étais-je pas capable de ravaler ma saleté de fierté et de lui foutre la paix ?!

Je m'étais toujours promis de ne jamais ressembler à mon père, et pourtant, j'agissais exactement comme lui. J'avais l'impression d'être un monstre, je me voyais comme tel en tout cas. Je voyais qu'il voulait que j'arrête, mais je n'esquissais aucun geste dans ce sens. Alors que je tournais son visage vers moi pour pouvoir le regarder, je me fis l'impression d'un prédateur traquant sa proie terrorisée, incapable de se défendre. Sauf que dans la nature, les prédateurs traquaient pour pouvoir manger. Là était toute la différence, celle qui faisait de moi un monstre. Quand je vis cette lueur de peur s'allumer dans les yeux de Gabriel, je me rendis compte que j'étais effectivement une imbécile égocentrique, une putain d'imbécile égocentrique comme plein d'élèves me voyaient. Je l'effrayais à tel point que plus un trait de son visage ne bougeait d'un millimètre quand je lui demandais s'il aimait mon baiser, il était devenu de marbre. Il ne disait plus un mot, maintenant c'était moi qui avait peur. Que lui arrivait-il ? Je me reculais légèrement de son visage, haussant les sourcils. « Gabri... » Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase qu'il se leva brusquement, me faisant basculer dans le fond du canapé. Mes yeux étaient grands écarquillés de stupeur. Qu'est-ce qu'il lui prenait au juste ?! Je crus qu'il allait partir, sans rien dire, mais il se retourna pour balbutier un faible « Je » avant de partir en courant dans le dortoir des garçons. Il venait de me planter dans la salle commune. Tant d'émotions se mêlaient en moi, je ne savais plus où donner de la tête. J'étais vexée, heureuse, décontenancée, je me sentais idiote, terriblement idiote. Mais heureusement qu'il était parti avant que ma connerie aille plus loin. Je regrettais déjà ce que j'avais fait, je m'en voulais. Mais bordel, qu'est-ce qui m'étais passé par la tête !?! Je me roulais en boule sur le canapé, enfouissant ma tête dans mes mains, m'enfermant dans un cocon de solitude. *Bien joué Sasha... Vraiment bien joué ! T'es vraiment débile ! Et maintenant, qu'est-ce que tu vas faire hein ?! Comme si de rien n'était ? Comme si ces quelques minutes n'avaient jamais existées ? Mauvaise, très mauvaise idée. Va t'excuser imbécile ! Ravale ton orgueil, ton égo, ta fierté.* Facile à dire, mais à faire, c'était une autre histoire. Je soufflais, je n'avais qu'une envie, m'exploser la tête contre un mur jusqu'à tant que je cesse de ressembler à un monstre.

TERMINÉ

» Sasha's owl
» Il n'y a pas de hasard, seulement des rencontres [ Dean&Sasha ]

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